LE DERNIER PLAN D’ANGELA MERKEL
La chancelière allemande préside pour six mois l’Union européenne alors que celle-ci n’a jamais autant douté de son avenir.
Angela Merkel préside l’Union européenne pour la seconde fois.
Qui peut en dire autant ? La première fois, c’était en 2007, il y a treize ans ! Ces six mois de présidence ont théoriquement commencé le 1er juillet. En réalité, cette présidence s’ouvrira vraiment la semaine prochaine, quand la chancelière allemande recevra ses homologues de l’Union à Bruxelles, les 17 et 18 juillet, pour un Conseil européen « extraordinaire ». Le mot n’est pas trop fort. Parce que l’Europe est en train de se redéfinir : elle a perdu le Royaume-Uni le 31 janvier dernier, et surtout la voilà obligée de rebâtir ses finances pour les sept années à venir pour cause de coronavirus, en ajoutant à son budget de long terme révisé (1 100 milliards d’euros) un « renforcement temporaire » (de 750 milliards d’euros) : le plan Next Generation EU ! Mais aussi parce que la présidente de la Commission européenne chargée de l’exécution de ce budget, Ursula von der Leyen, est également allemande, et qu’elle a été successivement la ministre de la Famille, du Travail, puis de la Défense, de Mme Merkel ! C’est dire si l’Europe, à peine séparée du Royaume-Uni, est allemande !
Celui qui ne peut ignorer ce basculement, c’est le président français. Emmanuel Macron dînait le lundi 29 juin, avec la chancelière, qu’il retrouvait pour la seconde fois dans sa résidence du château de Meseberg, à trois quarts d’heure de route de Berlin, pour préparer ce sommet, notamment face à la fronde des quatre « frugaux » – les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et l’Autriche – qui ne veulent pas dépenser trop d’argent à crédit, et exigent en outre de raccourcir le délai d’emprunt de trente à vingt ans.
« La crise à laquelle nous devons faire face est colossale ! », a dit Ursula von der Leyen en présentant le plan de la Commission, approuvé par la chancelière allemande et le président français : « Mais le défi est immense », et c’est une
« chance pour l’Europe ».
On peut certes négocier sur quelques dizaines de milliards, ce que demandent les Quatre, mais pas plus… Car c’est un investissement pour l’avenir, « une Europe verte, numérique et résiliente », qui n’a rien à voir avec « les dettes du passé »… Comprendre : ce plan de relance est nécessaire ; sans lui, tout s’aggraverait !
Ce sera le dernier plan d’Angela Merkel ; sa présidence européenne prend fin dans six mois, et elle s’est engagée à renoncer à ses pouvoirs de chancelière dans dix-huit mois. Le Français prendra à son tour la même présidence de l’Union le 1er janvier 2022…