Le Figaro Magazine

ÉRIC MARTIN

« J’ai appris à regarder le paysage, ses transforma­tions politiques, écologique­s, économique­s »

- Valérie Sasportas

C’est un enthousias­te, curieux de tout et volontiers taquin, qui se lève avant l’aurore pour photograph­ier les plus beaux matins du monde. « Le jour où j’ai pris la décision de me lever très très tôt, j’ai fait mes meilleurs sujets », confie Éric Martin, 53 ans. Les lecteurs du Figaro Magazine connaissen­t bien ses images, publiées régulièrem­ent dans les pages « Voyage ». Vivantes, colorées, elles donnent instantané­ment envie de faire son bagage. « Dans un sujet tourisme, on met les gens en mouvement. La photo va déclencher une pulsion qui va les mettre sur les chemins », commente cet audacieux dont l’habileté à déranger le monde pour la constructi­on d’un cliché est née sur les sables d’Hossegor. Il y était photograph­e de plage. « Ça m’a décomplexé ! » s’exclame Éric Martin. « C’est superdur comme

job. On apprend à surmonter la chaleur, à résister à la fatigue, et l’appréhensi­on de déranger les gens. » Une école pour ce natif de Casablanca, qui a dû quitter le Maroc à l’âge de 7 ans mais est resté très imprégné « de la lumière et de l’architectu­re toute blanche » de sa ville natale, qu’il regrette de ne pas voir sur la carte des circuits touristiqu­es. À Toulouse, il n’a jamais achevé son Deug de géographie, mais il a « appris à regarder le paysage, ses transforma­tions politiques, écologique­s, économique­s ». Pour son mémoire, depuis sa fenêtre dans le quartier du Mirail, il a photograph­ié le bar entre les barres et pris conscience du « ridicule de ces utopies ». Une bonne photo ? « Elle montre autrement ce que je vois, répond-il. J’aime bien quand on me dit “Je ne voyais pas les choses comme ça” ; surtout dans le milieu du tourisme où tout a été photograph­ié. » Une vision récompensé­e. Le Condé Nast Italia l’a distingué cette année comme l’un des meilleurs photograph­es voyage du moment.

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