COUP DE JEUNE SUR LE MUSÉE CERNUSCHI
Il voulait que son musée soit « une invitation au voyage » comme celui qu’il fit lui-même en Chine en 1871-1873 d’où il rapporta quelque 5 000 oeuvres d’art. Henri Cernuschi fit alors l’acquisition d’un hôtel particulier en bordure du parc Monceau qui allait devenir le lieu d’exposition de ses fabuleuses collections qui se découvraient alors sur rendez-vous et dont il ne dédaignait pas de faire lui-même le guide quand les visiteurs s’appelaient Gustave Moreau ou Émile Zola. À sa mort en 1896, l’homme léguera le bâtiment et ses trésors à la Ville de Paris ; l’ensemble devient le Musée des arts de l’Asie. Bien qu’abritant des oeuvres de référence, le musée sommeillait un peu, fréquenté surtout par des spécialistes. Aujourd’hui, c’est à une audacieuse redécouverte que l’on assiste : le triste beige des murs a été remplacé par un rouge laque de Chine et sur les 650 objets exposés, 430 n’avaient encore jamais été montrés. Le parcours aussi a été repensé. « Les collections ont longtemps été présentées avec un focus sur les périodes les plus anciennes, de la préhistoire à la dynastie Song au
XIIIe siècle », explique Éric Lefebvre, le directeur. Et d’ajouter : « Nous avons voulu faire un pont entre le XIIIe siècle et le monde contemporain et présenter un parcours chronologique jusqu’au XXIe siècle. » Soit une histoire qui couvre pas moins de cinq millénaires. Le coeur des collections demeure l’art de la Chine, mais des vitrines évoquent les créations contemporaines de l’Extrême-Orient : Japon, Vietnam et Corée. Les habitués retrouveront avec plaisir le gigantesque bouddha de Meguro qui, haut de ses 4 mètres, est l’une des plus imposantes statues japonaises en bronze hors d’Orient, ou le vase de la première moitié du XIe siècle avant notre ère représentant un félin rugissant en bois laqué et doré qui fixe le visiteur. Il appartenait à Sarah Bernhardt qui, désargentée, le vendit à Cernuschi. Dès l’automne, l’estampe japonaise sera à l’honneur avec l’exposition « De Hiroshige à Kuniyoshi » qui réunira un ensemble exceptionnel de pièces pour la plupart inédites.
7, avenue Vélasquez, Paris 8e.