Le Figaro Magazine

LES SOUVENIRS DE CATHERINE PÉGARD

Ces vacances qui ont changé ma vie

- Pierre de Boishue

Ne pas se fier aux apparences. Loin du faste du château de Versailles, qu’elle préside avec déterminat­ion depuis près de dix ans, Catherine Pégard n’aime rien tant que parcourir la campagne française à la découverte de son patrimoine et de ses coutumes. Un plaisir qu’elle renouvelle dès que son agenda lui permet un peu d’évasion. C’est là que reviennent des souvenirs d’enfance. La Havraise n’est alors âgée que de 5 ou 6 ans. Ses parents lui annoncent un départ pour la Bretagne, où ils entendent rester une dizaine de jours à la fin du mois d’août.

En amont, son père a préparé le périple. Son objectif ? Ouvrir les yeux de sa fille sur les trésors de la région qu’il compte sillonner au volant de sa Simca. Un rituel est né. Sous son impulsion, le clan partira à l’aventure chaque été. « Capitaine au long cours, il a beaucoup voyagé à travers le monde, confie l’ancienne rédactrice en chef du Point et ex-conseillèr­e du président Sarkozy. J’ai fait l’inverse en découvrant la France avant d’explorer d’autres pays. » Un « divertisse­ment et non une contrainte », selon ses termes, qui contribuer­a à lui apporter le goût des belles choses, une passion pour l’histoire et la culture ainsi qu’une curiosité insatiable.

Dans les moindres détails, elle se remémore ce premier voyage. « Je garde des images formidable­s de mon séjour à Pont-Aven. J’étais intriguée par l’exotisme de Gauguin », se rappelle-t-elle. La famille enchaîne les étapes. Dans les musées, la jeune Catherine apprend à connaître les artistes, tout comme elle se plaît à admirer des panoramas insoupçonn­és. « Le décor des îles Glénan me donnait l’impression de me trouver en

Sous l’impulsion de ses parents, elle comprend la richesse de nos régions lors de son premier voyage loin de sa chère ville du Havre.

Polynésie, indique-t-elle. J’avais le sentiment de prendre conscience de toute la diversité de notre pays. » Sur place, elle déniche des souvenirs. « Je possède toujours mon bol en faïence de Quimper », dit-elle fièrement. Les haltes gastronomi­ques figurent au programme. Les vraies crêpes l’émerveille­nt. Même satisfacti­on, quelques années plus tard à Strasbourg, devant la véritable choucroute alsacienne. Les souvenirs de la Bretagne affluent encore. « J’ai connu les débuts d’Olivier Roellinger à Cancale », glisse-t-elle. Nul doute que son penchant pour les plaisirs de la table remonte à cette période bénie. Sa connaissan­ce aussi pointue des bonnes adresses que des enjeux locaux a toujours suscité l’admiration des élus de terrain. Estime réciproque. L’attachemen­t de Jacques Chirac à la Corrèze le rend aussitôt sympathiqu­e à ses yeux. Mais pas seulement lui. « Pendant la campagne présidenti­elle de 1981, François Mitterrand m’avait proposé, dans les Pyrénées-Atlantique­s, de le rejoindre le lendemain dans la Nièvre : je savais l’importance de le suivre sur ses terres. » Réaliser un reportage dans leur fief était-il si éloigné, finalement, qu’effectuer un séjour sur les traces de Gauguin à Pont-Aven, de Toulouse-Lautrec à Albi ou de George Sand à Nohant ? « Il y a toujours eu une cohérence dans mon parcours », souligne Catherine Pégard. Dotée d’une belle plume dès son plus jeune âge, elle paraît déjà journalist­e dans l’âme puisqu’elle livre ses impression­s de voyage dans ses premières rédactions. La future présidente de l’établissem­ent public de Versailles y cite abondammen­t les châteaux de la Loire.

À la tête d’une institutio­n durement touchée par la crise sanitaire, elle se consacre actuelleme­nt à un ambitieux plan de relance. Devant l’urgence de la situation, elle ne s’accordera que quelques jours de repos. Sans doute en Bretagne.

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