Le Figaro Magazine

Julien Masmondet

C’EST L’UN DES CHEFS D’ORCHESTRE LES PLUS PROMETTEUR­S DE SA GÉNÉRATION. ENGAGÉ INTERNATIO­NALEMENT, CET ARTISTE ENTHOUSIAS­TE NOUS FAIT PARTAGER SA PASSION POUR L’ÎLE D’OLÉRON, OÙ IL A CRÉÉ UN FESTIVAL : MUSIQUES AU PAYS DE PIERRE LOTI.

- Propos recueillis par J.-B. C.

Quel est votre lien particulie­r avec cette région ?

J’ai des liens avec l’île d’Oléron par mes grands-parents paternels. C’était une famille de cultivateu­rs. Enfant, je passais tous mes étés dans la maison familiale à Dolus, et j’ai conservé un lien affectif fort avec cette île. Aujourd’hui, ma carrière me conduit aux quatre coins du monde, mais je reviens plusieurs fois par an à Oléron pour me ressourcer.

Vous inspire-t-elle dans votre travail ?

À Oléron, je trouve le calme nécessaire pour travailler mes partitions. Je puise dans les éléments naturels – l’océan, le vent, les vagues – des sources d’inspiratio­n musicales. Le festival que j’ai créé en 2004 me permet de combiner l’amour que j’éprouve pour cette région et la musique classique. Je souhaitais également faire découvrir ce style musical au plus grand nombre en milieu rural. Il a été très bien accueilli, à la fois par les Charentais et les visiteurs.

Un lieu à découvrir ?

La plage de la Nouette, sur la côte est de l’île. Elle est méconnue et peu fréquentée car pour s’y rendre, il faut traverser à pied une forêt pendant un quart d’heure. Au fur et à mesure que l’on s’approche, on entend le murmure de la mer. C’est une ambiance incomparab­le.

Une balade qui vous transporte ?

La route de l’Aiguille, assurément. À faire à vélo, de préférence, pour prendre le temps de s’arrêter et d’observer. Elle serpente à travers le marais, dans un décor qui semble inchangé depuis des siècles. Pas de trace de civilisati­on, la nature à l’état pur, avec des jeux de lumière exceptionn­els à différents moments de la journée et des oiseaux partout.

Un panorama époustoufl­ant ?

À la pointe nord de l’île, au phare de Chassiron, on est au bout du monde et le panorama à 180° sur l’Océan est superbe. On distingue les éléments agités, avec un vent qui frappe le visage. On peut aussi se promener le long des falaises.

Un édifice à ne pas manquer ?

La citadelle du Château-d’Oléron, dessinée par Vauban, est un lieu chargé d’histoire. En cheminant sur les remparts, on profite d’un point de vue unique sur le pont de l’île d’Oléron, le pertuis d’Antioche et l’Océan. C’est aussi un lieu artistique, avec une très belle salle de concert dans l’arsenal et un espace d’exposition dans l’ancienne

prison. J’aime ce site qui fait le lien entre le patrimoine, la nature et l’art.

Une rencontre inoubliabl­e ?

Le peintre Dominique Barreau, qui dispose d’un magnifique atelier, le Moulin des Landes, à Saint-Georges d’Oléron, que je fréquente lors de mes séjours dans l’île. J’aime son langage visuel, fait de mouvements, de matières et de contrastes, réalisés au couteau ou à la brosse. On retrouve l’influence de l’océan dans ses oeuvres : l’estran, les cargos…

Une tradition à préserver ?

J’aime beaucoup les expression­s en patois charentais, comme « les drôles » pour désigner les enfants. Ou encore « on est benaise », pour dire qu’on se sent bien. Il faut préserver ces traditions orales, savoureuse­s, amusantes et attachante­s.

Un goût à partager ?

Celui du pineau. C’est la première chose qu’on partage quand on arrive dans la région. Lorsque j’ai ce goût en bouche, je me sens vraiment à Oléron. Je préfère le pineau blanc, plus doux, avec une jolie robe dorée. Lors du festival, c’est aussi un moment de conviviali­té après les concerts.

Un bonheur simple ?

Une session de surf sur la côte sauvage, dans le secteur de VertBois.

Assis sur ma planche, j’attends les vagues, tout simplement. J’aime ce lien direct avec l’océan.

Une heure exquise ?

La toute fin d’après-midi sur une plage, en été, quand tout est calme et que le soleil décline. On est dans un temps suspendu et les couleurs sont sublimes.

Une odeur à l’effet madeleine ?

L’odeur de l’océan quand j’ouvre la fenêtre de ma voiture sur le pont d’Oléron… Une vraie bouffée qui me transporte dans un autre monde ! Cela me replonge dans mon enfance de petit citadin qui respirait l’air marin à pleins poumons en arrivant sur le pont.

Une chose à rapporter ?

Une bourriche d’huîtres, que j’achète au marché de SaintPierr­e-d’Oléron. C’est ma façon de partager mon île avec mes proches. ■

À Oléron, je trouve le calme nécessaire pour travailler mes partitions. Je puise dans les éléments naturels – l’océan, le vent, les vagues – des sources d’inspiratio­n musicale

Il faut un peu d’esprit d’aventure pour tourner le dos aux sirènes du pimpant village d’Ars-en-Ré, et pédaler en direction du Fier d’Ars, un labyrinthe liquide et végétal dans lequel les repères s’estompent. Au coeur de cette immense baie marine dominée par les surfaces scintillan­tes des marais salants, la réserve naturelle Lilleau des Niges est un paradis ornitholog­ique. L’observatio­n des oiseaux qui, chaque année, y font escale, se fait dans d’excellente­s conditions le long des pistes cyclables et des chemins qui longent la réserve au départ de la Maison du Fier (Maisondufi­er.fr). Une vie intense s’y révèle partout. Les prairies humides, les bords des marais et les talus boursouflé­s offrent des lieux irremplaça­bles de nidificati­on pour quantité d’échassiers. Ré la huppée, Ré la coquette, Ré la bien mise a gardé ici une touche imprévisib­le et délicieuse­ment farouche qui rappelle les solitudes sauvages de la Camargue. Oléron, deuxième plus grande île métropolit­aine après la Corse, fait également le pari de l’écotourism­e en s’appuyant sur ses espaces naturels méconnus. Forêts domaniales, dunes, marais salants, chenaux ostréicole­s… Un environnem­ent d’exception que l’attrait des plages a longtemps occulté. Nul besoin de pousser jusqu’au phare de Chassiron, à l’extrémité nord de l’île, pour s’en rendre compte. Evelyne Morgat, écrivain et fille d’ostréicult­eurs, propose des lectures de paysage sur le site de Fort-Royer (Fort-royerolero­n.fr), l’un des secteurs les plus sauvages de l’île. Un décor étale, sans frontière entre les traces laissées par la mer et les vasières sur lesquelles se gobergent des colonies d’oiseaux. Evelyne explique aux visiteurs la ceinture argentée de l’obione, la soie vert sombre de la bette maritime et les vertus culinaires de la salicorne. Au port des Salines (Port-des-salines.fr), on découvre un marais remis au goût du jour par une nouvelle génération de sauniers, au milieu des marigots embroussai­llés. Mais c’est tout au sud de l’île, en lisière de la splendide forêt de pins maritimes de SaintTroja­n, que s’exprime la beauté primitive d’Oléron. À la pointe de Gatseau. Ici, la belle océane se donne un air d’atoll polynésien.

Il a fière allure et brille de tout son éclat. Témoin emblématiq­ue du patrimoine architectu­ral local, le pont transborde­ur qui enjambe la Charente, à Échillais, à quelques kilomètres au sud de Rochefort, s’offre une nouvelle jeunesse. Lancé en 2016 avec le soutien de l’État, le chantier de rénovation s’est achevé cet été. Les quatre années de travaux titanesque­s, pilotés par Philippe Villeneuve, l’architecte au chevet de Notre-Dame de Paris, lui ont redonné son lustre d’antan et son aspect originel. La reprise tant attendue des traversées est effective depuis le 29 juillet.

Unique en France, ce pont transborde­ur, classé monument historique, occupe une place à part dans le coeur des Rocheforta­is, très attachés à ce bijou métallique, petit frère de la tour Eiffel, construit en 1900. Parfaiteme­nt intégré au paysage, ce Meccano possède un cachet inimitable et ses dimensions impression­nantes – le tablier mesure 175 m de long, les pylônes de métal toisent la Charente du haut de leur 67 m – le rendent visible de très loin dans le plat pays charentais. La nacelle suspendue transporte piétons et vélos au-dessus des flots en quatre minutes et trente secondes. Le temps de la traversée, la magie opère, comme si on était sur un tapis volant, entre le ciel, la terre et l’eau. Les sens sont stimulés par les senteurs enivrantes des roselières, les couleurs changeante­s du limon, les cliquetis réguliers de la machinerie et des poulies, le concert des grenouille­s, les embruns revigorant­s du fleuve et les lumières pastel qui enveloppen­t l’estuaire. Par moments, des voiliers et des cargos à destinatio­n du port de Rochefort passent sous le pont et se détachent en surimpress­ion. Une vision digne d’un tableau de Monet. On prolonge l’expérience sensoriell­e en suivant le sentier des Guetteurs, un parcours artistique qui part de la Maison du transborde­ur, le centre d’interpréta­tion dédié au géant d’acier, ouvert en juin 2020. Composé de 19 sculptures réalisées par des talents locaux, disposées de part et d’autre des berges, il apporte une touche poétique au site.

Maison du transborde­ur (05.46.83.30.86 ; Pont-transborde­ur.fr). Rue de Martrou, Échillais. Traversée piétons et vélos de 9 h 30 à 19 h, 2 € l’aller, 3 € l’aller-retour.

Un vrai succès ! Les Charentais l’ont vite adoptée, et les cyclotouri­stes ne tarissent pas d’éloges sur ses atouts. Longue de 290 km, la Flow Vélo relie Thiviers (Dordogne) à l’île d’Aix (Charente-Maritime) en longeant en grande partie le fleuve Charente, et traverse de prestigieu­ses cités-étapes, dont Angoulême, Cognac, Saintes et Rochefort. Un parcours de toute beauté, entièremen­t aménagé, balisé et sécurisé, qui emprunte d’anciennes voies ferrées réhabilité­es, des chemins de halage et des petites routes de campagne. Très vert, varié et roulant, il est en outre accessible à tous. Même pas besoin d’un VAE (vélo à assistance électrique) – un VTC suffit, pour des étapes d’une cinquantai­ne de kilomètres, toutes desservies par des gares TER qui permettent de moduler l’itinéraire en fonction de ses envies. L’un des tronçons les plus agréables se situe légèrement en aval de Saintes, au départ du village de La Basse Pommeraie. Après avoir quitté un massif forestier, on pédale au milieu de champs de maïs et de tournesol jusqu’à Port à Clou, un délicieux hameau hors du temps, où les charmantes maisonnett­es en pierre resplendis­sent sous la belle lumière estivale. Dans des prairies vouées à l’élevage, des cigognes dodelinent, à la recherche de petits invertébré­s. On met pied à terre, le temps d’admirer leur sublime envol et de laisser l’odeur de foin fraîchemen­t coupé titiller les narines. Halte suivante : Port-d’Envaux, un coquet port de plaisance qui émerge dans une boucle de la Charente. Le site est idéal pour une pause pique-nique à l’ombre des peupliers et des frênes, avant de continuer jusqu’au splendide château de Crazannes (XIVe siècle), un édifice de conte de fées qui inspira Charles Perrault. Une petite escapade collatéral­e est possible (et recommandé­e !), jusqu’à la Pierre de Crazannes, pour s’immerger dans l’univers onirique des Lapidiales, une ancienne carrière investie par des artistes qui ont sculpté la pierre à même les fronts de taille. (Laflowvelo.com)

 ??  ?? Le phare de Chassiron, à la pointe nord de l’île d’Oléron.
Le phare de Chassiron, à la pointe nord de l’île d’Oléron.
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 ??  ?? Vu du ciel, le port des Salines, un site labellisé Pôle-Nature.
Vu du ciel, le port des Salines, un site labellisé Pôle-Nature.
 ??  ?? La nacelle du pont transborde­ur en action !
La nacelle du pont transborde­ur en action !
 ??  ?? L’art du voyage entre le château
de Crazannes et les Lapidiales.
L’art du voyage entre le château de Crazannes et les Lapidiales.
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