FESTIVAL D’ANGOULÊME
Vent d’espoir sur le cinéma français Vendredi s’ouvrira dans la ville charentaise la 13e édition du Film francophone. L’occasion, pour tous les acteurs du septième art, de manifester leur détermination à refaire battre le coeur des spectateurs.
Avec une chute vertigineuse du taux de fréquentation en salles (– 73,8 % en juillet par rapport à 2019), un report incessant des sorties de films (la disparition temporaire des grosses productions anglo-saxonnes du calendrier sème le trouble dans les stratégies de distribution) et des projets mis à mal, le cinéma fait planer sur ses têtes – d’affiche – un suspense inquiétant. Mais tout en retenant leur souffle, comédiens, producteurs, réalisateurs ou spectateurs entretiennent la flamme du septième art. C’est pourquoi ils seront nombreux à rejoindre la cité des Valois pour assister à l’un des rares festivals rescapés de cet été « covidé » : le Film francophone d’Angoulême.
Créé en 2008 par les producteurs Marie-France Brière, Dominique Besnehard et Patrick Mardikian dans le but de « défendre un cinéma populaire et subtil qui enthousiasme les professionnels comme les amateurs, les néophytes comme les cinéphiles », il est devenu le sacro-saint rendez-vous culturel de la fin d’été. Il faut dire qu’après avoir accompagné les premiers pas vers la gloire d’Intouchables, de La guerre est déclarée, des Garçons et Guillaume, à table !, d’Hippocrate ou de Petit paysan, il s’est imposé comme un excellent baromètre des succès à venir. Au point d’apparaître, outreAtlantique, comme le « Sundance français », selon l’actrice québécoise Évelyne Brochu, membre du jury cette année. Qu’en sera-t-il justement du cru 2020 ? L’éclectisme et la qualité de sa sélection ont de quoi faire renaître l’espoir chez tous les fanas de cinéma… La preuve par cinq longs-métrages appelés à faire briller la manifestation avant de ramener le beau temps dans les salles obscures :
1. Police, le nouveau film d’Anne Fontaine, nous immerge à la fois dans un commissariat et dans le coeur de trois flics appelés à faire équipe pour reconduire un clandestin à la frontière. Sa force réside notamment dans son solide casting réunissant Virginie Efira, Omar Sy et Grégory Gadebois.
2. Les Apparences, le thriller de Marc Fitoussi, couche sur la paillasse d’un laboratoire un couple bien sous tous rapports et dissèque de manière chirurgicale le jeu de dupes auquel il s’adonne en société. Une expérience fascinante incarnée par Karin Viard et Benjamin Biolay.
3. Antoinette dans les Cévennes, le premier long-métrage de Caroline Vignal, révèle le talent de Laure Calamy, irrésistible d’humour et d’émotion dans le rôle d’une héroïne embarquée avec un âne sur la route des vacances de son amant et de la famille de celui-ci.
4. Petit pays, adapté du roman autobiographique de Gaël Faye par Éric Barbier avec un formidable Jean-Paul Rouve, devient un drame sensible et juste qui retrace la perte de l’innocence d’un enfant et la séparation de ses parents pendant le sanglant conflit qui opposa, au Burundi, Hutu et Tutsi au début des années 1990.
5. Effacer l’historique est une comédie sociale et populaire emmenée par l’immense Denis Podalydès. Avec Blanche Gardin et Corinne Masiero, l’acteur incarne une victime moderne des sociaux bien décidée à allier ses forces avec ses voisines pour s’attaquer aux géants d’internet. Ses réalisateurs, Gustave Kervern et Benoît Delépine, codirigeront le jury de l’édition 2020 du festival du Film francophone d’Angoulême, qui compte aussi dans ses rangs Elsa Zylberstein, Clara Luciani ou Marc Zinga. À l’occasion de sa nomination, Kervern a fixé très clairement sa feuille de route présidentielle : « Je serai un président ferme comme un melon charentais, tendre comme un veau de Chalais, piquant comme un vieux chabichou et libre comme un chapon de Barbezieux ! » Tout un programme.