MISE À JOUR
Dernier volet de notre série dédiée à l’histoire des cartes. Ou quand la dimension technique de la cartographie n’est pas sans conséquence sur le plan géopolitique.
1 L’INNOVATION DE MERCATOR
Au XVIe siècle, avec le développement de la navigation hauturière, les marins souhaitent disposer de cartes pour naviguer à la boussole et se rendre à un autre point du globe à cap constant. En 1569, le géographe et mathématicien flamand Gherard Kremer, dit Mercator, relève le défi et publie son atlas géographique respectant les angles, où les méridiens (longitudes) sont équidistants et où les parallèles (latitudes) coupent perpendiculairement les premiers. Les navigateurs disposent enfin d’un outil fiable. Autre « innovation », il est le premier à publier un recueil de cartes portant le nom d’atlas.
2 PROJECTIONS CARTOGRAPHIQUES
Représenter une sphère 3D en 2D relève de la mission impossible. Essayez par vous-même en pelant une orange… C’est pourtant à cette tâche que se sont attelés les cartographes. Cette transformation nécessite une projection mathématique qui engendre automatiquement des déformations. Il n’existe donc pas de carte parfaite. Certaines respectent les angles (conformes), d’autres les surfaces (équivalentes), et d’autres, en cherchant à minimiser les défauts des précédentes, ne sont ni conformes ni équivalentes.
3 QUAND LA CARTE DEVIENT POLITIQUE
Les déformations aux latitudes élevées de la projection de Mercator entraînent une surreprésentation des pôles. Pour une carte destinée aux marins, ces distorsions des surfaces n’avaient que peu d’importance. Mais cette représentation s’est peu à peu imposée au monde, nous en renvoyant une vision déformée. Un monde où le Groenland serait aussi grand que l’Afrique alors qu’il est 14 fois plus petit. En 1973, Arno Peters, désirant « réparer cette injustice », présente donc une nouvelle carte du monde respectant les surfaces. En redonnant toute leur superficie aux pays du Sud situés majoritairement dans la zone intertropicale, ce planisphère devint très vite un instrument politique pour les tiers-mondistes. Mais, nul n’étant parfait, le choix des 45° nord et sud comme parallèles standards signifie que les régions les moins déformées par la projection, et donc les plus proches de la réalité, sont l'Europe et les États-Unis...