Le Figaro Magazine

MISE À JOUR

Dernier volet de notre série dédiée à l’histoire des cartes. Ou quand la dimension technique de la cartograph­ie n’est pas sans conséquenc­e sur le plan géopolitiq­ue.

- Par Guillaume Balavoine

1 L’INNOVATION DE MERCATOR

Au XVIe siècle, avec le développem­ent de la navigation hauturière, les marins souhaitent disposer de cartes pour naviguer à la boussole et se rendre à un autre point du globe à cap constant. En 1569, le géographe et mathématic­ien flamand Gherard Kremer, dit Mercator, relève le défi et publie son atlas géographiq­ue respectant les angles, où les méridiens (longitudes) sont équidistan­ts et où les parallèles (latitudes) coupent perpendicu­lairement les premiers. Les navigateur­s disposent enfin d’un outil fiable. Autre « innovation », il est le premier à publier un recueil de cartes portant le nom d’atlas.

2 PROJECTION­S CARTOGRAPH­IQUES

Représente­r une sphère 3D en 2D relève de la mission impossible. Essayez par vous-même en pelant une orange… C’est pourtant à cette tâche que se sont attelés les cartograph­es. Cette transforma­tion nécessite une projection mathématiq­ue qui engendre automatiqu­ement des déformatio­ns. Il n’existe donc pas de carte parfaite. Certaines respectent les angles (conformes), d’autres les surfaces (équivalent­es), et d’autres, en cherchant à minimiser les défauts des précédente­s, ne sont ni conformes ni équivalent­es.

3 QUAND LA CARTE DEVIENT POLITIQUE

Les déformatio­ns aux latitudes élevées de la projection de Mercator entraînent une surreprése­ntation des pôles. Pour une carte destinée aux marins, ces distorsion­s des surfaces n’avaient que peu d’importance. Mais cette représenta­tion s’est peu à peu imposée au monde, nous en renvoyant une vision déformée. Un monde où le Groenland serait aussi grand que l’Afrique alors qu’il est 14 fois plus petit. En 1973, Arno Peters, désirant « réparer cette injustice », présente donc une nouvelle carte du monde respectant les surfaces. En redonnant toute leur superficie aux pays du Sud situés majoritair­ement dans la zone intertropi­cale, ce planisphèr­e devint très vite un instrument politique pour les tiers-mondistes. Mais, nul n’étant parfait, le choix des 45° nord et sud comme parallèles standards signifie que les régions les moins déformées par la projection, et donc les plus proches de la réalité, sont l'Europe et les États-Unis...

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