PARDON ! PARDON !
Dans l’ancien monde, on devait s’excuser lorsqu’on avait mal agi. Dans le nouveau, les « incivilités » (meurtres, viols, agressions et autres coquineries) ne nécessitent plus d’excuser : il faut néanmoins s’excuser pour tout sauf ce dont on est responsable. D’être blanc, de sexe mâle, d’avoir eu des ancêtres qui ont colonisé d’autres pays, de manger de la viande et du fromage, de tuer des moustiques et de marcher sur des fourmis. Repentance, excuses, nous vivons dans un pays où tout le monde est coupable de quelque chose, même sans le savoir. La chanteuse Camélia Jordana, peu connue pour être une féministe ultra à tendance hystérique, s’est fait épingler pour le titre d’une interview accordée à L’Obs : « Si j’étais un homme, je demanderais pardon. » Voilà de l’accroche bien faite pour organiser le buzz. Mais dans ses propos, le discours est plus nuancé. Elle y dit que la chanson Les Garçons « est une déclaration d’amour aux hommes (…). Si j’étais un homme, je demanderais pardon, je questionnerais les peurs, et je prendrais le temps de m’interroger. Car les hommes blancs sont, dans l’inconscient collectif, responsables de tous les maux de la terre. » Ce n’est pas exactement le sens du titre qui est mis en exergue et qui a déchaîné les réseaux sociaux. Mais si désormais il faut « demander pardon »
pour ce que pense
« l’inconscient collectif »,
tout risque de devenir assez compliqué…
Pour mieux se remettre de ces considérations complexes, un remède : écouter 3sex, chantée par Nicola Sirkis et Christine (sans ses Queens) : on n’a rien entendu d’aussi drôle depuis… Indochine.