Le Figaro Magazine

La finance durable résiste à la tempête du Covid-19

Les États ont annoncé des plans de relance massifs qui font la part belle à la transition écologique. Les fonds socialemen­t responsabl­es (ISR) ont la cote.

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L’urgence de la crise sanitaire et l’ampleur de la récession mondiale auraient pu reléguer au second plan les sujets liées à la planète ou aux inégalités sociales. Après tout, les actionnair­es et créanciers ne sont-ils pas trop occupés à « sauver les meubles » de leurs placements ? Les chiffres indiquent qu’il n’en est rien.

« Les fonds ISR ont enregistré des flux entrants records depuis le début de l’année. Les préoccupat­ions environnem­entales et sociales des investisse­urs sont accélérées par la crise du Covid », avance ainsi David Zylberberg, expert en investisse­ment responsabl­e chez UBS France. D’après la banque suisse, les plans de relance des cinquante principale­s économies mondiales ont consacré en tout 580 milliards de dollars aux sujets environnem­entaux et sociaux. Le pacte vert européen, par exemple, prévoit d’investir largement dans les énergies renouvelab­les, l’efficacité énergétiqu­e des bâtiments ou encore dans des pratiques industriel­les plus soutenable­s. « Les gouverneme­nts veulent relancer leurs économies de façon plus vertueuse », résume David Zylberberg.

Si l’investisse­ment responsabl­e gagne en popularité, c’est aussi parce qu’il est resté rentable depuis le début de la crise. Et même plus : d’après une étude du site Morningsta­r, 51 de ses 57 indices durables ont mieux performé que « les indices de référence traditionn­els associés ». Un autre rapport, signé Bank of America, relève que les entreprise­s les mieux notées sur Glassdoor, un site Internet qui recueille les avis des salariés, ont moins souffert en Bourse que les autres.

« Les valeurs financière­s qui se sont le mieux comportées depuis le début de l’année sont celles qui montrent des niveaux supérieurs de bien-être des salariés et de satisfacti­on des clients », affirme David Zylberberg.

Au passage, la crise a rappelé à quel point une intégratio­n réussie avec ses fournisseu­rs rendait une organisati­on plus forte dans l’adversité. Des multinatio­nales comme Michelin, Danone ou Orange ont accepté de régler leurs sous-traitants plus rapidement que d’habitude pour les aider à tenir le choc du coronaviru­s. Le souci du collectif renforce la confiance entre clients et fournisseu­rs, réduit le risque de contentieu­x et fluidifie la chaîne de production. Une démarche essentiell­e pour absorber une conjonctur­e imprévisib­le. Ajoutons enfin que les indices « durables » ont bénéficié de leur faible exposition aux énergies fossiles et du poids relativeme­nt élevé des entreprise­s technologi­ques. Or les premières ont souffert de la chute des cours du pétrole, tandis que les secondes ont bénéficié à plein de la digitalisa­tion pendant et après le confinemen­t.

Précisons que la surperform­ance des sociétés « durables » ne se vérifie pas forcément pour chaque valeur, individuel­lement, car « une entreprise n’est jamais à l’abri d’un accident boursier, surtout dans le contexte actuel – les marchés sont nerveux », tempère David Zylberberg. Mais à long terme, il semblerait que les sociétés vertueuses soient aussi les plus résiliente­s.

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© Getty Images

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