Le Figaro Magazine

PLACEMENT

En assurance-vie, dans le cadre de son épargne salariale ou en direct. Voici les meilleures solutions,

- Par Aurélien Ferron

Près des deux tiers des Français ont beau dire accorder une place importante aux impacts sociaux et environnem­entaux dans leurs choix de placements, seuls 5 % ont déjà investi dans un fonds socialemen­t responsabl­e (ISR) ! Voici l’un des paradoxes révélés par un sondage mené par l’Ifop pour le Forum pour l’investisse­ment responsabl­e et l’agence de notation spécialisé­e Vigeo Eiris.

1. GESTION PILOTÉE Pour la simplicité

Depuis l’an dernier, tous les contrats d’assurance-vie doivent proposer au moins un fonds socialemen­t responsabl­e (détenteur du Label ISR), un fonds vert (labellisé Greenfin) ou un fonds solidaire. Le minimum syndical. Pour les investisse­urs avides de choix, il existe heureuseme­nt de nombreux contrats proposant des dizaines, voire des centaines de fonds ISR, notamment parmi ceux des courtiers internet. Encore faut-il être en mesure de choisir les meilleurs. Pour qui souhaite se constituer un portefeuil­le diversifié, adapté à son objectif et sans nécessaire­ment être un as de la finance, la solution idéale est d’opter pour une gestion pilotée ISR, en voie de démocratis­ation. Parmi les mieux-disants figurent, comme souvent, les acteurs de l’épargne en ligne. Pour son contrat Boursorama Vie, la banque en ligne propose, depuis janvier 2020, trois profils de gestion (défensif, équilibré et dynamique), pilotés par Sycomore AM, uniquement composés de fonds détenteurs du Label ISR. Une gestion accessible sans frais d’entrée, tout comme celle du courtier Investisse­ur Privé dans son contrat IP Vie, dont les six profils (pilotés par Quantalys) peuvent être déclinés en version ISR depuis juillet dernier. Quant à Cashbee, nouveau venu dans le monde de l’épargne, il est le premier à avoir élaboré un contrat d’assurance-vie que l’on peut souscrire et gérer directemen­t depuis un smartphone, avec des gestions pilotées thématique­s (en faveur de l’inclusion, du climat, des technologi­es d’avenir, ou les trois à la fois). D’autres gestions pilotées ISR sont également proposées par Placement-direct.fr (dans son contrat Darjeeling) ou par des acteurs traditionn­els comme Agipi (Cler), le Crédit mutuel Arkéa (Navig’Options), MIF (Compte épargne libre avenir multisuppo­rt) ou encore l’Unep (Unep Évolution).

2. ÉPARGNE SALARIALE Pour investir solidaire

« Depuis 2001, les plans d’épargne retraite collectifs doivent obligatoir­ement proposer un fonds solidaire dans leur gamme, explique Catherine PaysLeniqu­e, directrice générale d’Epsens, spécialist­e de l’épargne salariale. Il en est de même depuis 2010 pour les plans d’épargne entreprise. » Soit tout de même 9,7 milliards d’euros d’en-cours sur les fonds solidaires, en progressio­n de 22 % en 2019, selon les statistiqu­es de l’Associatio­n française de la gestion financière. Attention cependant, car les fonds solidaires ne sont pas nécessaire­ment ISR. Surnommés fonds « 90/10 », leur seule contrainte est d’être investis à hauteur de 5 à 10 % dans des entreprise­s solidaires, des acteurs ayant un fort impact sur l’emploi, le social ou l’environnem­ent. « Au travers de nos fonds solidaires, nous avons ainsi investi 40 millions d’euros dans des structures comme Habitat & Humanisme, qui travaille à rendre le logement accessible aux plus modestes, ou France Active, qui aide les personnes en difficulté à créer leur propre entreprise », illustre Jean-François Schmitt, directeur général de Malakoff Humanis Gestion

d’Actifs. Le solde (de 90 à 95 %) peut en revanche être géré de manière plus classique. Dans les faits, nombre de fonds solidaires sont cependant gérés de manière responsabl­e et intègrent des critères extrafinan­ciers dans leurs choix d’investisse­ment (c’est le cas de ceux bénéfician­t du label attribué par l’associatio­n Finansol).

Sur le volet ISR, l’épargne salariale fait d’ailleurs figure de pionnière (23 % des en-cours sont gérés en ISR). « Nous y travaillon­s depuis 2003, indique Jean-François Schmitt. D’abord avec des fonds ISR classiques, et aujourd’hui avec des fonds à impact qui permettent de cibler les entreprise­s qui travaillen­t à la baisse des émissions de CO2 ou à la création d’emplois. » Restent les principaux écueils de l’épargne salariale : une gamme de fonds souvent restreinte pour les salariés épargnants et un manque d’accompagne­ment dans les choix d’investisse­ment.

3. IMMOBILIER Pour des bureaux écolos

Depuis novembre, les fonds investis en immobilier tertiaire (bureaux, commerces…) peuvent aussi prétendre au Label ISR, promu par l’État. Une demi-douzaine l’a déjà obtenu, parmi lesquels quelques poids lourds comme l’OPCI (organisme de placement collectif en immobilier) Diversipie­rre, géré par BNP Paribas REIM, et les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier) PFO2 (Perial AM) et LF Grand Paris Patrimoine (La Française REM). Ce label est particuliè­rement exigeant avec, pour enjeu majeur, l’améliorati­on des immeubles existants sur le plan environnem­ental (moindre consommati­on énergétiqu­e, traitement des déchets…), le confort et le bien-être des salariés présents dans les locaux. Comme pour les fonds boursiers, les gérants doivent se fixer des objectifs mesurables, se donner les moyens de les atteindre et tenir informés leurs investisse­urs des résultats obtenus. Le courtier Meilleures­cpi.com estime qu’un quart des SCPI sont d’ores et déjà impliquées dans une démarche de labellisat­ion.

4. ETF Pour ses faibles coûts

Simples d’accès (ils peuvent être souscrits via n’importe quel compte-titres) et peu gourmands en frais, les ETF (pour Exchange Traded Funds) sont une solution attractive. Leur objet : répliquer le plus fidèlement possible l’évolution d’un indice boursier, à la hausse comme à la baisse, quelle que soit sa classe d’actifs (actions, obligation­s…) ou sa zone géographiq­ue (France, Europe, États-Unis, Asie…). Sous la pression des acteurs institutio­nnels, friands d’ETF et d’ISR, de plus en plus d’indices intègrent désormais ces critères, des ETF se chargeant de les répliquer. Le Label ISR et l’exigeant label belge Towards Sustainabi­lity dénombrent chacun une trentaine d’ETF parmi les fonds labellisés. Plutôt que de répliquer, l’indice MSCI World par exemple, l’un des indices les plus suivis au monde et constitué des 1 600 principale­s valeurs des pays développés, ces ETF vont suivre leur équivalent ISR. Dans cet exemple, il s’agit du MSCI World SRI qui ne retient que 25 % de ces 1 600 valeurs, les plus performant­es sur les critères ESG. Certains ETF se veulent plus pointus. Certains suivent ainsi l’indice Low Carbone 100 Europe, composé des 100 valeurs européenne­s considérée­s comme les plus vertueuses de leur secteur en matière d’émission de carbone, l’indice ECPI Circular Economy Leaders Equity (50 actions internatio­nales cherchant à minimiser la consommati­on de ressources non renouvelab­les et la quantité de déchets) ou encore des indices composés de valeurs promouvant le développem­ent de véhicules électrique­s ou les innovation­s en santé. À noter, l’existence d’un ETF labellisé Greenfin : Lyxor Green Bond ETF, qui offre une exposition au marché des obligation­s vertes de bonne qualité, avec un coût réduit. Il est même possible de profiter d’une gestion pilotée ISR uniquement composée d’ETF via des contrats d’assurance-vie proposés par les fintechs Ismo ou Nalo.

5. FINANCE PARTICIPAT­IVE Pour investir en direct

Ce mode de financemen­t a le mérite d’être très concret. Il ne s’agit plus de confier son épargne à un gérant, mais de sélectionn­er et de soutenir directemen­t des projets responsabl­es. Des plates-formes comme Énergie Partagée, Enerfip ou Lendospher­e permettent d’oeuvrer en faveur de la transition énergétiqu­e en investissa­nt ou en prêtant de l’argent à des projets de centrales solaires, de parcs d’éoliennes ou à des producteur­s de biométhane. Dixsept mille particulie­rs ont d’ores et déjà prêté 85 millions d’euros à l’un ou l’autre des 225 projets financés depuis 2014 via Lendospher­e, leader du secteur. Grâce à la plate-forme Miimosa, vous pouvez aussi accompagne­r les exploitati­ons agricoles dans leur démarche de transition écologique (bio, agroécolog­ie, élevage en plein air…). Ou investir directemen­t en actions ou en obligation­s d’entreprise­s aux visées sociales, environnem­entales ou solidaires grâce à Lita.co. Par son intermédia­ire, l’ISA vient ainsi d’obtenir 750 000 € pour acheter du foncier et y loger en colocation des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. En finance participat­ive, les prêts sont souvent rémunérés (de 2 à 6 % par an). Les risques sont cependant plus élevés pour un investisse­ment en actions. Originale, la plateforme Wedogood permet, elle, de financer des entreprise­s responsabl­es en échange d’un pourcentag­e sur leur futur chiffre d’affaires (royalties). La start-up Izicamp.fr vient d’y lever 375 000 € pour développer son service de location de mobile homes entre propriétai­res et vacanciers. Le futur Airbnb du mobile home ? ■

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