LA PASTEURISATION DES ESPRITS
Au pays de Candy / Comme dans tous les pays / On s’amuse on pleure on rit / Il y a des méchants et des gentils. »
« Au pays de Pasteur », aussi ! C’est du moins ce que laisse supposer la réitération ad nauseam de cette locution faisant fonction d’argument :
« au pays de Pasteur »… Ceux qui ne s’inclinent pas devant ce grand homme seraient de mauvais Français. Des citoyens malveillants. Des attardés incrédules passibles de bannissement. Étrange argument qui postule que la nationalité d’un homme devrait avoir une valeur démonstrative pour tous ses compatriotes. Que Pasteur ayant été français, tous les Français devraient donc être pasteurisés. Congénitalement pasteurisés. Pour l’éternité. Selon la logique délirante de cet argument, au pays de Robespierre, tous les Français ne devraient et ne pourraient être que des coupeurs de têtes. Au pays de Descartes, des douteurs méthodiques épris d’idées claires et distinctes. Au pays de Sade, des érotomanes possédés. Au pays de Jean Moulin, des résistants patentés. Au pays d’Anne Hidalgo, des végans à vélo. Tout manquement à cette illogique aberration inclusive exclurait de facto son auteur du franc troupeau. Des jours bien sombres lui seraient alors promis : indignité nationale et privation de passeport vaccinal. « Veux-tu avoir la vie facile ? disait Nietzsche. Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui. »