Le Figaro Magazine

LA PAGE HISTOIRE

Fils de Joséphine de Beauharnai­s et fils adoptif de Napoléon, Eugène de Beauharnai­s accompagna toute la carrière de l’Empereur.

- de Jean Sévillia

Il ne fut pas le plus brillant des compagnons de Napoléon, mais l’accompagna tout au long de sa carrière : Eugène de Beauharnai­s est donc, comme le montre l’excellente biographie que publie Michel Kerautret, un témoin de premier plan. Fils de Joséphine de Beauharnai­s, il devient en 1797, un an après le remariage de sa mère avec Bonaparte, l’aide de camp de celui-ci en Italie.

En 1798, il participe à la campagne d’Égypte puis, de retour en Europe, se distingue à Marengo en 1800. Colonel en 1802, il est promu général en 1804, après la proclamati­on de l’Empire. En 1805, Napoléon le nomme viceroi d’Italie et, éprouvant pour lui une réelle affection, affection qui est réciproque, fait de lui son fils adoptif. À Milan, le prince Eugène, qui a 24 ans et qui est dépourvu d’expérience du pouvoir, joue, estime l’auteur, « le rôle d’un exécutant tenu en bride » : c’est Napoléon qui dirige l’Italie à distance, laissant à son beaufils une marge d’initiative dans le domaine militaire. Lors de la campagne de 1809 contre l’Autriche, le vice-roi d’Italie tient sa place à la bataille de Wagram puis, obéissant aux ordres de son beau-père, écrase avec rudesse mais à contrecoeu­r les paysans du Tyrol insurgés derrière Andreas Hofer. Commandant le quatrième corps pendant la campagne de Russie, il se signale sur la Moskova. Au cours de la désastreus­e retraite de l’hiver 1812-1813, c’est lui qui ramène les débris de la Grande Armée et fait sa jonction avec les nouvelles troupes mobilisées par Napoléon, et c’est lui encore dont l’énergie décide de la victoire contre les Prussiens et les Russes à Lützen (mai 1813). Lorsque les Alliés déferlent, Eugène refuse, contrairem­ent à Murat, de changer de camp et défend son royaume d’Italie. Mais après le départ de Napoléon pour l’île d’Elbe, il se réfugie à Munich chez son beau-père, le roi Maximilien Ier de Bavière. Celui-ci lui obtient, en 1817, le landgravia­t de Leuchtenbe­rg et la principaut­é d’Eichstätt. Débarrassé de la politique, Eugène se consacre à l’éducation des six enfants qu’il a eus avec la princesse Augusta, dont il est amoureux comme un lieutenant, et emploie sa fortune à soutenir les arts. Il meurt prématurém­ent, en 1824, à 42 ans, laissant à la postérité, selon l’expression de Michel Kerautret, « la figure aimable d’un héros modeste ».

Eugène de Beauharnai­s. Fils et vice-roi de Napoléon, de Michel Kerautret, Tallandier, 398 p., 23,90 €.

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