LITTÉRATURE
★★★ Une suite d’événements, de Mikhaïl Chevelev, Gallimard, 169 p., 19 €. Traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs.
Le journaliste Pavel Volodine se demande bien ce qui est arrivé à son inoffensif ami Vadim : pourquoi cette prise d’otages à la mode tchétchène dans une église des faubourgs de Moscou, où Pavel se retrouve négociateur malgré lui ? Peut-être faut-il le chercher dans le passé de Vadim à Serguiev Possad « où la seule place qu’il parvient à trouver, c’est éboueur adjoint ».
Ou dans ses séjours en Tchétchénie, que connaît du reste bien Pavel lui-même ; il y a naguère dîné chez un dignitaire local : « Ce qui frappe surtout dans le décor de la maison, c’est la collection de kalachnikovs qui occupe un mur du salon, de tous les modèles possibles, chacun avec son histoire. » Ce n’est certes qu’Une suite d’événements,
mais leur violence, dans le Caucase ou en Ukraine, semble avoir eu raison de la placidité de Vadim. Cela n’empêche pas Mikhaïl Chevelev d’évoquer ces sujets avec une merveilleuse ironie à travers Pavel, être insatisfait (il préfère le cognac à la vodka). Il n’était donc pas nécessaire d’éparpiller dans le livre de très lourdes considérations idéologiques
– la culpabilité des Russes partout, notamment – car on a déjà ce qu’il faut en rayon en France, merci bien. Sans parler de l’inutile et prétentieuse « postface ». Mais, miracle, l’humour désabusé du narrateur permet à ce très beau premier roman d’échapper au rideau de fer moralisateur qui menaçait de s’abattre sur lui.
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