SOUS LES PAVÉS, LA TÂCHE
Faudra-t-il écrire le Livre noir de la libération des moeurs ? On pourrait le penser tant abondent ses victimes qui, au détour d’une parole libérée, surgissent avec fracas dans l’actualité. Manifestement, le cadavre de 68 bouge encore. Il n’est pas beau à voir.
Et on ne saurait compter sur ses embaumeurs pour procéder à son autopsie. On objectera que saint Augustin avait déjà théorisé les ravages de la libido qu’elle soit sentiendi ou dominandi.
Que le désir de satisfaire ses pulsions primaires – quoi qu’il en coûte – était aussi vieux que l’humanité. Qu’il n’y avait là que déjà vu et déjà su. Certes. Mais une chose est de constater, une autre est de consacrer. Là gît le basculement anthropologique radical porté par l’esprit 68. « Jouir sans entraves » en fut son credo. Son expression quintessentielle. Alors que tempérer, canaliser, normer ou sublimer la puissance de la libido avaient toujours été des conditions de possibilité de la vertu, ces tâches devinrent subitement les auxiliaires du vice. Désormais, la plus haute sagesse consisterait à se livrer aux joies sans limites de sa libido désentravée, et la plus basse folie, à « s’empêcher ».
Inversion des valeurs…
En un tel paradis, autrui n’est plus qu’un moyen, un instrument ; un sex-toy. Et s’il refuse cette assignation, il devient une insupportable contrainte. Une limite pathogène. Une entrave perverse. Un « Enfer ».