BÉNABAR, L’ÉTERNEL INDOCILE
Dans son nouvel album, le chanteur mêle comme toujours humour et sensibilité.
Rieur, parfois espiègle et doté d’un sens aigu de la repartie, Bénabar, comme souvent chez les gens qui savent amuser la galerie, est un être sensible et profond. Pas de surprise quand il nous confie que gamin il rêvait de devenir clown jusqu’au jour où, adolescent, il a abandonné nez rouge et trompette pour le piano et des chansons merveilleusement ciselées. Mais comme on n’écrit pas à 50 ans comme à 20, ce dernier album, Indocile heureux *, est sans doute le plus autobiographique. « Par la force des choses » dit-il, comme pour s’en excuser. Comme s’il osait à chaque nouveau CD dire un peu plus qui il est, et qui il était, sans jamais perdre de cette fraîcheur réconfortante mâtinée d’une immense pudeur.
Avant notre courte interview, Benabar a voulu planter le décor, fumer une clope et boire une bière. Nature, comme à son habitude. Ce chanteur hyperactif est un insatiable de la scène. Le voilà donc à ronger son frein, sans interrompre pour autant ses propos sur la vie, le temps, les projets, et toujours avec légèreté et humour. Et pourtant, les impératifs sanitaires l’ont obligé à rompre le fameux cycle album, scène, tournée, bus et copains qu’il a entamé depuis 1997 à la sortie de chaque album. Alors, en attendant la grande virée qui reprendra en 2022, il remplit ses carnets de chanson comme un enfant sage, avec ce besoin de raconter son imaginaire plutôt que sa propre personne car « le public aime être surpris ». Lui qui a commencé sa carrière en chantant dans les bistrots sait ce qu’accrocher le public implique. « Ou sont passés les romantiques ? » lance-t-il, frondeur, dans ce nouvel album, en défi aux recours faciles aux applications de rencontres. Et de s’expliquer : « On ne choisit pas d’aimer, ça doit vous tomber dessus. »
* Sony music/RCA.