MARIAGE À L’ITALIENNE

★★★ Come prima, de Sophie Simon, Anne Carrière, 192 p., 18 €.

Un e-mail et quelques mots peuvent parfois faire chanceler les existences les plus établies. Voyez Celso, écrivain romain sexagénaire, père de famille et époux comblé, qui reçoit un message de son grand amour de jeunesse, Elena, lui proposant trente ans après de prendre un café lors du prochain séjour à Rome de celle-ci. Aussitôt, cet « homme respectable » redevient le « pauvre garçon abruti par la passion » qu’il fut et renoue avec un vieux penchant : « se commettre systématiquement, et avec méthode, dans les plus mauvais choix ». Bien sûr, Celso va revoir Elena, mais qu’attend-il ? Des aveux ? Des remords ? Serait-il prêt à quitter sa si dévouée épouse Antonia ? En attendant, il se souvient de ces deux années d’un amour destructeur durant lesquelles il préféra être malheureux avec Elena plutôt qu’heureux avec une autre. Quatrième roman de Sophie Simon, Come prima est un suspense sentimental aussi efficace que subtil. La passion face à la raison, la jalousie, la vengeance, les regrets : ces thèmes éternels sont revisités par une écriture tendue dénuée d’effets superflus. Évidemment, on songe à certains personnages de la littérature et du cinéma italiens avec Celso, mais c’est plus encore une créature de Woody Allen qu’évoque cet intellectuel indécis, éternellement insatisfait, introspectif. C’est dire la jubilation que suscite Come prima qui baigne dans la lumière d’un soleil de mai et la délicieuse amertume d’un Campari.