“L’atout du coeur”
Vous avez dans les yeux une lumière qui vient du coeur », avait dit un jour Mstislav Rostropovitch à Olivier Dassault. Soulignées d’un large sourire joyeux et éclatant, rempli d’optimisme, ces pupilles bleu ciel abritaient surtout un regard aussi bienveillant qu’entreprenant. Mieux, une vision. Doué d’une capacité d’analyse rare, d’une impressionnante faculté de mémorisation immédiate, il trouvait, en une lecture rapide, les trois arguments décisifs dans un volumineux rapport. Ingénieur et pilote de chasse de formation, il allait à l’essentiel. Esthète à l’élégance sophistiquée, épicurien, animé d’une foi catholique sincère, il aimait être entouré de beauté.
Dans l’action politique, il mettait en place des dispositifs techniques simples et efficaces, tout en s’octroyant le plaisir de discours lyriques sur les grands sujets à la tribune de l’Assemblée nationale. Olivier Dassault était le pilote, aussi bien aux commandes de ses avions que pour diriger ses équipes. Il donnait les directions et gardait le cap. Dans les airs comme dans l’hémicycle, il anticipait avec beaucoup d’intuition les météos favorables comme le gros temps. Pour le reste, Olivier Dassault savait admirablement déléguer et se reposait sur ses collaborateurs, avec une confiance bienveillante mais exigeante, que les membres de « l’équipage » se faisaient un devoir de ne pas décevoir et pardonnant ses emportements. Une équipe dédiée à ses nombreuses passions et activités, toutes menées simultanément et de front, avec l’apparence de la légèreté, mais grâce à une organisation de haut vol, qui lui permettait, disait-il, de « gagner du temps sur le temps ». Une équipe, à laquelle j’ai appartenu durant dix ans, qui formait une petite famille dont on ne sortait jamais vraiment.
Se définissant comme « le maillon d’une chaîne », il voulait « aider ceux qui aident », notamment au coeur de sa circonscription de l’Oise. Les soirs de dépouillements électoraux, Olivier Dassault calmait les anxiétés avec optimisme en considérant que « les soirs de défaites ne sont que des veilles de victoires ». Si l’emblème de Dassault est un trèfle à quatre feuilles, la carte maîtresse d’Olivier était son atout de coeur.