MACRON, UNE MARQUE DÉJÀ DÉMODÉE ?
Le Maître de l’Horloge, c’est le virus », concédait récemment Emmanuel Macron. À bien des égards, l’opinion constate la défaillance du gouvernement à gérer la crise sanitaire, qu’il s’agisse des masques, des tests ou encore des vaccins. Un an avant l’échéance élyséenne, le président de la République admet ne plus donner le tempo.
Raphaël Llorca décrit dans La Marque Macron, un essai dense et original, comment Emmanuel Macron et son équipe de campagne ont mis en place un authentique système de représentation pour conquérir et exercer le pouvoir. Pour accéder à la fonction suprême, le candidat Macron a construit une empreinte politique puissante, fondée sur un système de valeurs très différent du centre ou de la synthèse : le Neutre. Être « Neutre », c’est être « ni l’un ni l’autre » ; c’est préférer, à l’affrontement ou la confrontation, le « en même temps », symbolisant le dépassement du clivage historique droite/gauche. Pour le jeune auteur, le Neutre se trouve aux racines du macronisme : une forme politique qui se construit sur le symbole et qui réussit le tour de force d’articuler des contraires en faisant en sorte qu’ils paraissent concordants.
À l’épreuve du pouvoir, le chef de l’État a considérablement fait évoluer sa marque, en la durcissant. Cette « dégénérescence du Neutre », comme la nomme Llorca, caractérise le passage du Neutre à la neutralisation. Alors que le Neutre avait su lever un espoir, celui de transformer la société française de façon apaisée, en dissipant des conflits insolubles, la neutralisation amoindrit et atténue une force en annulant son effet. La paralysie supplante la réforme du pays.
« Gilets jaunes » et crise sanitaire ont altéré la marque qui a permis son élection. Emmanuel Macron n’est plus Chronos. Pour qu’il puisse se présenter en 2022 et imaginer remporter l’élection présidentielle, c’est sur d’autres ressorts qu’il devra faire campagne.
La Marque Macron, raphaël Llorca, éditions de l’aube, 176 p., 17 €.