Des nouvelles très fraîches

★★★ Récits B, de Frédéric Ciriez, Verticales, 237 p., 19 €.

Pour écrire des nouvelles – un genre un peu oublié en France depuis Guy de Maupassant, Paul Morand ou Marcel Aymé –, il faut évidemment avoir le sens de la concision et beaucoup d’imagination. C’est pourquoi Édouard Louis (lire ci-dessus), qui n’en finit plus de raconter sa triste existence, n’en écrira probablement jamais – Christine Angot non plus. Frédéric Ciriez, lui, a de l’imagination à revendre. On le sait depuis son premier roman délirant, Des Néons sous la mer (2008), ou BettieBook, sorti dix ans plus tard et vanté dans ces pages par un autre Frédéric, nommé Beigbeder. Dans Récits B,

il signe treize nouvelles insensées dans lesquelles sa fantaisie est en roue libre. Il y a Paimpol, sa ville natale, le 10e arrondissement de Paris, où il habite, et Alger, qu’il aime. Il y a aussi un ancien gothique qui se prend pour Robert Smith des Cure, un homme qui aimerait être écrivain, mais gagne sa vie en corrigeant

« les livres qu’il aimerait écrire »

et collabore à la revue Santé mentale, un chanteur de black metal algérien, et des coups de fil étranges qui dérangent l’auteur en personne. Ce qui frappe, outre ces inventions inconcevables par les temps qui courent, c’est le style de Ciriez. Celui d’un grand écrivain dont la plume rythmée boxe en musique.. Après la lecture de ce recueil, les connaisseurs n’auront qu’une envie : relire le mythique

Les Fous littéraires d’André Blavier, dans lequel est évoqué le « typographe fou » Nicolas Cirier, auquel son presque homonyme Ciriez consacre une nouvelle extraordinaire.