LES CLÉS POUR COMPRENDRE
Le VIIIe congrès du Parti communiste a entériné la retraite de Raúl Castro. Son successeur Miguel Díaz-Canel symbolise une nouvelle génération, mais pas une nouvelle ligne politique.
1 LE CRÉPUSCULE DE LA RÉVOLUTION
synonyme de cuba depuis le 1er janvier 1959, le nom de castro a disparu des instances qui gouvernent le pays et de son tout-puissant parti communiste. en 2008, après le renoncement de Fidel, malade, son frère raúl avait pris les commandes. il vient à son tour de les céder à Miguel díaz-canel, 60 ans, un apparatchik déjà nommé à la présidence de la république en 2018. avec cette relève de la garde, une nouvelle ère s’ouvre. díaz-canel va s’appuyer sur des quinquagénaires nés après la révolution des « barbudos ». rude héritage. non seulement cette génération ne pourra plus se réclamer de la chute de la dictature Batista, mantra des années castro, mais elle doit relever une économie proche de la ruine. sans légitimité historique et sans-le-sou, Miguel díaz-canel semble fort mal engagé. d’autant que l’opinion, aussi muselée qu’aux plus beaux jours du castrisme, a découvert les réseaux sociaux où fleurissent les pires commentaires sur un communisme caribéen à bout de souffle. Qu’importe : le slogan choisi pour ce congrès historique du parti proclamait « unité et continuité »…
2 LES MÉCÈNES DISPARUS
À La Havane, les fins de mois budgétaires sont difficiles. en trente ans, le castrisme a perdu tous ses mécènes. La grande île si proche des côtes américaines – La Havane est à moins de 200 kilomètres de la Floride – constituait une base pour défier l’oncle sam. comme on le sait, l’union soviétique en avait fait un poste avancé en tenant le régime castriste à bout de bras, notamment en surpayant sa production sucrière. pour Fidel castro, l’aubaine a duré vingt-cinq ans jusqu’à Mikhaïl Gorbatchev, qui a tiré un trait sur l’aide à cuba. Le vénézuélien Hugo chávez a pris le relais, livrant son pétrole pour imposer son influence à La Havane. L’effondrement politique et économique du venezuela sous la présidence Maduro a mis un terme à ces largesses. en mars 2016, rompant avec plus de cinquante ans de guerre froide, la visite de Barack obama avait nourri l’espoir des cubains de voir les dollars pleuvoir chez eux. Mais l’embellie fut de courte durée. dès son accession à la Maison-Blanche, donald trump était revenu sur tous les allègements consentis par son prédécesseur et avait rétabli cuba dans son statut de paria.
3 LES RÉFORMES ET L’ESPOIR BIDEN
aujourd’hui, cuba est plongé dans le marasme. La covid-19 a donné un coup d’arrêt au tourisme fournisseur de devises et d’emplois – le piB a reculé de 11 % en 2020.
Les réformes initiées depuis 2010 par raúl castro – sorte de perestroïka cubaine trente ans après Gorbatchev – ont introduit quelques doses d’économie de marché (propriété immobilière, crédits bancaires, petites entreprises privées), sans briser le carcan des monopoles d’état. des aberrations comme le système des deux monnaies – peso cubain et peso convertible – ont perduré. son abolition au début de cette année a divisé la valeur du peso par 24 et multiplié les prix par 5 ! résultat : les files d’attente s’allongent devant des supermarchés aux rayons à moitié vides. avec l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, les cubains tournent à nouveau leur regard vers les états-unis pour leur salut économique. Mais contrairement à celle d’obama, la nouvelle administration ne montre aucun empressement. « Cuba ne figure pas dans les priorités du Président », a dit, le mois dernier, Jen psaki, la porte-parole de la Maison-Blanche.