la piste aux étoiles
Faut-il considérer les morts ? La Mairie de Paris semble le penser. D’où son désir de créer un lieu de « mémoire vivante » dédié aux victimes de la pandémie. Cela se comprend. Les morts sont aimables. Leur réserve est élégante. Leur indifférence bienveillante, un sommet d’urbanité. Mais qu’en est-il des vivants ? Méritent-ils la même considération ? Le succès du hashtag #SaccageParis dénonçant la poubellisation d’une ville en voie de tiers-mondisation suggère que non. Les vivants devront-ils attendre leur mort pour être considérés ? Seraient-ils moins vivants que les morts ? De telles énigmes passent l’entendement des simples. C’est pourquoi la maire de Paris a daigné les éclairer. Dans une interview déjà culte, elle résume d’un mot sa pastorale nouvelle :
« considération ». Qu’est-ce à dire ? Rien de moins que ceci :
« Considérer veut dire regarder l’autre avec autant d’importance que les étoiles qui nous guident. » Passons sur le fait que « considérer » n’a jamais voulu dire cela. On ne saurait reprocher aux pythies inspirées leurs approximations sémantiques. Mais qu’en est-il de ces étoiles ? Quel est le contenu de cette métaphore stellaire ? Mystère ! De ces brumes conceptuelles, les malveillants déduiront que pour l’édile, les vivants ne sont que des étoiles mortes. Les autres, qu’Anne Hidalgo ayant mué, elle serait devenue reine-mage en route vers une Bethléem nouvelle.