Le Figaro Magazine

GANT POUR GANT

- LE MARQUE-PAGE DE NICOLAS UNGEMUTH

★★★ Vies et morts de Stanley Ketchel, de James Carlos Blake, Gallmeiste­r, 378 p., 23,80 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Élie Robert-Nicoud.

Qui se souvient de Stanley Ketchel, champion de boxe en catégorie poids moyens du début du siècle dernier ? Sa vie a bien commencé : à force de se faire battre par un père ultraviole­nt, il tente de le tuer avec une fourche, puis prend la fuite, devient hobo, saute de train en train et se retrouve à Butte, dans le Montana, où ses talents de cogneur lui permettent d’être embauché comme videur dans un saloon.

Il est repéré par un entraîneur qui fera de lui un immense boxeur, ratatinant tous ses adversaire­s, dont le féroce Billy Papke qu’il affrontera cinq fois, mais se prendra une raclée par Jack Johnson, premier boxeur noir (à qui Miles Davis a consacré un album), qui déclenche l’ire du public blanc et de Jack London défendant la « supériorit­é de la race blanche ». Ketchel souhaite une revanche, mais ne l’aura pas. Un homme riche le prend sous son aile : il s’avère être son père naturel, et lorsque le boxeur s’éprendra de l’une de ses employées, son destin sera brutalemen­t raccourci. James Carlos Blake, grand écrivain américain d’origine mexicaine qui avait déjà montré son talent dans Handsome Harry, est un magicien : il décrit chaque combat comme un minifilm – et ça ne ressemble pas à Rocky –, ainsi que la rage au ventre et les turpitudes de ce jeune homme qui ne se sent nulle part chez lui, si ce n’est chez ce père retrouvé, dans un monde de violence. Pour ne rien gâcher, Élie Robert-Nicoud, spécialist­e de la boxe qui a publié chez Stock de beaux romans sur le sujet, signe une traduction impeccable.

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