MICHEL ONFRAY L’ART, CE FERMENT DE CIVILISATION
Le philosophe projette d’ouvrir une université populaire des beaux-arts en normandie. Une façon de résister à l’esprit du temps, comme il le démontre dans un beau livre sur l’art.
AChambois, berceau de la famille Onfray, Le Donjon a fermé depuis longtemps. C’était l’unique restaurant du village. Chambois est à l’image de milliers de bourgs ou hameaux qui s’éteignent lentement en dépit d’une histoire parfois riche et souvent plurimillénaire. Parmi ses nombreux projets, Michel Onfray a celui d’y rouvrir le restaurant. non pour se lancer dans le commerce, mais afin d’y accueillir les visiteurs de l’université populaire des beaux-arts qu’il compte implanter à Chambois, sur le modèle de celle qu’il avait créée à Caen il y a vingt ans. son but : « Y enseigner les fondations et les structures esthétiques de notre civilisation judéo-chrétienne épuisée et menacée. » C’est, pour lui, une autre façon de poursuivre son « combat de résistance philosophique ».
On pourra se faire une idée de la qualité de l’enseignement que le philosophe compte y prodiguer en lisant son dernier ouvrage, intitulé Les
“Pendant mille ans, sur tous les supports possibles et imaginables, l’art figure
le christianisme”
LeS RAiSonS de L’ARt,
de Michel onfray, Albin Michel, 178 p., 29,90 €.
Raisons de l’art. L’auteur y renouvelle l’approche de l’histoire de l’art en scandant celle-ci avec une série de concepts (la grâce, l’édification, l’allégorie, l’immanence, le dionysiaque, l’abstraction, etc.) fondés sur l’observation des oeuvres qu’il resitue dans leur temps afin d’éviter les anachronismes. « Si on ne dispose pas du décodeur, on ne peut comprendre l’art ni son histoire, dit-il. C’est ce décodeur que je veux offrir au grand public. »
Des fresques de Lascaux jusqu’aux tulipes de Jeff Koons, le philosophe livre ici sa conception de l’esthétique qui, selon lui, a toujours partie liée avec la recherche de sens. « Je vais écrire une contre-histoire de l’art,
dit-il, comme je l’ai fait avec la philosophie. » On peut d’ores et déjà parier que cette nouvelle entreprise soulèvera des polémiques sans fin. « Aujourd’hui, en matière d’art, le pire, dit-il, ce n’est pas de ne pas savoir : c’est d’être fier de ne pas savoir ! » On le voit : Onfray n’entend pas renoncer à sa liberté d’esprit ni de parole.