SOPHIE PÉTRONIN, L’AUTRE NOM DU SYNDROME DE STOCKHOLM
Tout ça pour ça ? L’ex-otage, libérée contre 200 djihadistes l’an dernier, est repartie vivre au Mali. Une aberration totale.
Pour rappel, la menace terroriste est très élevée au Mali. » La note du ministère des Affaires étrangères à l’intention des Français qui souhaitent s’y rendre, constamment mise à jour, est d’une grande fermeté. « Les déplacements en zone rouge sont à proscrire absolument. En zone orange, déconseillée sauf raison impérative, y compris à Bamako, le risque d’attentat et d’enlèvement est également élevé. »
il y a treize mois, le 9 octobre 2020, le président de la république et le ministre des Affaires étrangères étaient allés accueillir sophie pétronin à sa descente d’avion : l’humanitaire convertie à l’islam revenait du Mali où, après quatre ans aux mains des djihadistes, elle venait d’être libérée par l’armée française. Quel a été leur sentiment quand ils ont appris qu’elle était retournée à bamako ? Ni l’un ni l’autre ne se sont exprimés. Mais ils ont laissé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, déplorer, la semaine dernière, ce comportement : « Il y a une forme d’irresponsabilité vis-à-vis de sa sécurité, mais aussi visà-vis de la sécurité de nos militaires »,
dit-il.
En fait, le retour de Mme pétronin au Mali n’était pas vraiment une surprise au sommet de l’État. On savait depuis mars dernier qu’elle avait quitté Genève où son fils l’avait accueillie, pris l’avion pour Dakar, puis la route pour bamako. six mois après sa libération ! si cet incroyable retour a été rendu public, c’est parce que les Maliens l’ont voulu. Mais lesquels ? Elle avait été rendue à la liberté après un premier coup d’État politico-militaire qui s’était déroulé en août 2020 et avait eu pour effet de libérer, au prix fort, quelque 200 djihadistes ; elle réapparaît après un deuxième coup d’État qui s’est produit à la fin du mois de mai dernier, et débouche sur une crise de plus entre le Mali et la France.
Le 26 septembre, à la tribune de l’ONU (deux jours après qu’un 52e soldat français a été tué au combat dans ce pays), le premier ministre malien accuse la France de l’avoir abandonné « en plein vol » et avertit qu’il explore « d’autres voies », ce qui sous-entend qu’il fait appel aux mercenaires russes de la milice Wagner. À quoi Emmanuel Macron va répondre au cours de plusieurs déclarations que « sans la France au Sahel, le Mali serait aux mains des terroristes ». Que vient donc faire dans ce dialogue peu amène la révélation par les Maliens du retour de sophie pétronin ? Ceci : le gouvernement malien fait publiquement savoir à paris que l’ancienne otage est revenue, qu’il sait où elle est, et qu’elle pourrait à nouveau servir de monnaie d’échange. Mais cette fois, paris ne marchera plus.