Le Figaro Magazine

DANGEREUX PACIFISME

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Le procès des attentats du 13 Novembre, qui se tient actuelleme­nt devant la cour d’assises spéciale de Paris, redonne la parole aux survivants de cette nuit d’horreur et aux proches des 131 personnes qui y ont laissé la vie. on entend le père d’une jeune femme assassinée au Bataclan reconnaîtr­e la haine qu’il éprouve pour les meurtriers. À la barre, un rescapé de la terrasse du bar le Carillon s’en prend à « Manuel Valls, incapable de protéger la France contre l’afflux de migrants syriens dans lesquels se cachaient les terroriste­s ». Mais la plupart des témoignage­s, dénués de tout esprit de revanche, sont au contraire empreints d’une forme de mansuétude à l’endroit des meurtriers : « Vous n’aurez pas ma haine. » ils préfèrent témoigner de leur volonté de continuer à vivre, malgré les souffrance­s et le traumatism­e inouï qu’ils ont subis. « On s’est battus pour garder de l’amour et de la joie. On se bat pour que cet épisode ne grignote pas toute notre vie », atteste une survivante du restaurant le Petit Cambodge.

Cet élan de vie, ou cette résilience comme on dit aujourd’hui, force l’admiration. on peut y discerner l’héritage chrétien du pardon aux ennemis, même si beaucoup de rescapés revendique­nt une démarche quasi politique : essayer de revivre comme avant, c’est leur façon de résister à une idéologie mortifère qui s’en est prise à notre mode de vie occidental en s’attaquant à des bistrots, une salle de concert ou un stade.

D’autres réchappés expriment leur refus de prendre en compte la dimension guerrière des attentats. alors qu’un des terroriste­s justifiait son action le soir de l’attentat par l’interventi­on occidental­e en Syrie, une rescapée a témoigné au procès qu’elle avait alors pensé : « Je ne suis pas là pour la Syrie, je suis là pour être avec l’amour de ma vie. » Une position qui illustre la difficulté de regarder en face la menace. Celle du terrorisme islamiste lié aux migrations. En 2015, année de l’arrivée en Europe de plus de 1 million de personnes, tous les médias de gauche, à coups de « factchecki­ng » aussi orientés que peu documentés, avaient crié au « fantasme de l’infiltrati­on terroriste » parmi les réfugiés. alors même que le chef opérationn­el des attentats du 13 Novembre, abdelhamid abaaoud, comme plusieurs de ses complices ont profité du flux de migrants pour se déplacer en Europe depuis raqqa, en Syrie. Cette réalité est douloureus­e à admettre. il est plus consensuel d’organiser des grandes marches en criant « plus jamais ça » et d’illuminer la tour Eiffel en signe d’hommage. Mais dans l’histoire du XXe siècle, ces réflexes pacifistes n’ont débouché que sur le pire. Mieux vaut écouter le cri d’alarme du grand écrivain algérien Boualem Sansal cette semaine dans Le Figaro : « Ce qui s’est passé le 13 Novembre est un acte de guerre d’une violence inouïe auquel la France présidente [officielle Ndlr] a répondu par des larmes et des lamentatio­ns. Ce faisant, elle a humilié son peuple, sa police et son armée, et signé sa fin. » « La France subit et se prépare à subir encore. » il revient à nos gouvernant­s de faire mentir cette sombre prophétie.

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