Une soUveRaine méconnUe
Qui était Marie-Amélie, l’épouse du roi Louis-Philippe ? Une biographie éclaire son rôle dans l’histoire de la monarchie de Juillet.
La figure du roi Louis-Philippe a été récemment réévaluée par des travaux d’historiens – notamment les biographies publiées par le britannique Munro Price (Éditions de Fallois, 2 009) et le Français arnaud teyssier (Perrin, 2 010). ils ont montré que, audelà des polémiques sur la captation de la couronne par les orléans au moment de la chute des bourbons, en 1830, la monarchie de Juillet n’avait pas représenté une rupture fondamentale par rapport à la restauration, et que, jusqu’en 1848, la philosophie du régime – l’ordre à l’intérieur et la paix à l’extérieur – s’était inscrite dans une sage perspective politique après les bouleversements des guerres révolutionnaires puis napoléoniennes. Louis-Philippe, pour autant, ne parvint jamais à être populaire, car la défiance de ce roi à l’égard du suffrage universel lui interdisait le soutien des masses rurales et de la moyenne bourgeoisie, qui n’avaient pas le droit de vote. et son épouse ? La reine Marie-amélie est un personnage peu connu. Le portrait que raphaël Dargent brosse d’elle, dans un livre fondé sur des sources inédites, met en lumière la vie d’une femme dont la discrétion dissimulait une volonté farouche, mise au service de son mari. Fille de Ferdinand ier, roi des Deux-siciles, nièce de Louis XVi et de
Marie-antoinette, tante de l’impératrice Marie-Louise, cette princesse de bourbon avait tout, par ses racines familiales et son éducation, pour être du côté de la contre-révolution. or, sans être une libérale et sans cesser d’être une catholique de vieille roche, la femme de Louis-Philippe, convaincue comme lui que l’ancien monde ne reviendrait pas, appuya pleinement sa tentative d’instituer une monarchie constitutionnelle qui mettrait un terme au cycle révolutionnaire. Projet qui échoua, comme l’illustrèrent les barricades de 1848, mais qui n’était pas absurde. Épouse d’un homme qu’elle aima profondément et à qui elle donna dix enfants, dont six fils entrés dans l’histoire de France, conseiller de son mari au même titre que sa bellesoeur, la perspicace Madame adélaïde, Marie-amélie « ne
fut pas une souveraine flamboyante », souligne raphaël Dargent, « mais fut raisonnable et réaliste, en somme la dernière reine possible après la Révolution ». un livre pénétrant, qui éclaire l’histoire de la monarchie de Juillet. Marie-Amélie, la dernière reine,
Tallandier, 496 p., 24,90 €.