Un ministre, un vrai
★★★★ Mazarin. L’art de gouverner, d’Olivier Poncet, Perrin/Bibliothèque nationale de France, 256 p., 24 €.
La postérité populaire de Mazarin tient beaucoup aux écrits d’Alexandre Dumas. Le cardinal fut-il vraiment ce personnage habile mais intrigant, menteur voire pleutre, brossé par le romancier dans Vingt ans après ? Toute réputation a sa part de vérité, écrit Olivier Poncet, mais cette légende noire qui l’a entouré fut surtout l’oeuvre de ses opposants pendant la Fronde. Professeur à l’école des Chartes, l’historien consacre au cardinal un portrait juste et rigoureux, servi par la reproduction de documents d’archives souvent inédits tirés de la Bibliothèque nationale de France. Il retrace le parcours exceptionnel de Giulio Mazzarini, jeune Italien originaire des Abruzzes qui grandit à l’ombre de la famille Colonna, avant d’entamer une brillante carrière de diplomate d’abord auprès du Saint-Siège, puis de Louis XIII, auprès duquel il succède au cardinal de Richelieu. À la mort du roi, il obtient le soutien de la régente et s’impose comme une pièce maîtresse de la transition vers le futur Roi-Soleil.
On découvre au fil des pages un homme qui s’occupe des moindres affaires de l’État ; dans une lettre reproduite dans l’ouvrage, on retrouve les corrections apportées de la main du cardinal qui veille aux moindres détails du mariage entre Marie-Thérèse et Louis XIV, le 9 juin 1660. Ce document, entre autres trésors, dormait dans les archives de la BnF, au sein de son ancien palais. Une empreinte précieuse de son passage dans l’histoire de France, parfaitement exploitée pour mieux cerner la profondeur du personnage.