Les barbouzes
★★★ Mort d’un pourri, de Raf Vallet, Gallimard, « Série noire », 296 p., 14 €.
Un député véreux assassine un promoteur immobilier tout aussi peu fréquentable et lui dérobe les cahiers sur lesquels il détaille par le menu la collusion entre de grands clercs de l’État, des politiciens, des hommes d’affaires et de véritables gangsters. Le lendemain, après s’être confié à son collaborateur et ami Xavier Maupin, il est tué à son tour de deux balles dans la tête. Maupin récupère les brûlants dossiers et devient vite à son tour l’homme à abattre pour tous ceux qui sont compromis dans ces feuillets… En 1972, Jean Laborde, grand reporter à L’Aurore pointe, sous le pseudonyme de Raf Vallet, les accointances entre certains hommes proches du pouvoir et le milieu dans ce polar ténébreux grouillant de barbouzes, de truands, de soldats perdus de l’OAS ou de menaçants agents du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece). Mort d’un pourri se vendra à 50 000 exemplaires et sera adapté à l’écran par Georges Lautner quelques années plus tard. Un demi-siècle après, cette réédition bienvenue révèle un roman décapant, un rien « rétro » (DS noires et téléphones « reliés à l’automatique »), d’une étonnante et fascinante noirceur.
Philippe Blanchet