Quand l’oCCident perd le nord
La mondialisation dangereuse : sauf pour Alain Minc, auteur, en 2019, de La Mondialisation heureuse, voici un titre qui flirte avec le pléonasme. Encore faut-il le démontrer et c’est ce que font les deux auteurs de cette somme : l’essayiste Alexandre Del Valle, docteur en histoire et géopolitologue, et le normalien Jacques Soppelsa, ex-président de l’université Paris-I Sorbonne et ancien responsable de l’Académie internationale de géopolitique. Le point de départ de leur (très convaincante) réflexion est la chute de l’URSS. Un effondrement qui fit croire à certains penseurs libéraux, comme Francis Fukuyama, que l’Histoire était « finie » et que la mondialisation sous bannière étoilée (McWorld) serait désormais la règle. Las ! Dislocation de l’ex-Yougoslavie, génocide rwandais, attentats du 11 Septembre, interventions pyromanes en Afghanistan et en Irak, printemps arabes, djihadisme au Sahel : non seulement le monde est en ébullition depuis 1990, mais « les pays émergents ou ré-émergents d’Eurasie et du Sud assument de nouveaux rapports de force ».
Les deux chercheurs passent au crible les tendances lourdes (géographie, Histoire, religion) et les variables contemporaines (Covid, Gafam, énergies, mafias, cybermenaces) de l’échiquier planétaire et dissèquent les futurs défis. Sans omettre une donnée systématiquement ignorée par les leaders politiques : la démographie.
Et de citer la formule du polémologue Gaston Bouthoul : « Préparez Vénus, viendra Mars… ». « Selon lui, expliquent Alexandre Del Valle et Jacques Soppelsa, les États disposent en permanence de jeunes hommes dont l’économie peut se passer, et lorsque la natalité est incontrôlée et le surplus de jeunes trop important, la situation “démo-économique” devient une “structure explosive”, la guerre nécessitant toujours la “consommation” ou le “sacrifice” de ce surplus d’hommes. »