HAROUN, MOTS À MAUX
Il se dit « fléministe » et pourrait volontiers lancer le mouvement des « Flemen, réunissant des hommes torse nu allongés dans des hamacs ». C’est dire si Haroun ne va pas dans le sens du vent. Mais l’humoriste n’est pas, pour autant, un provocateur ordinaire. Passionné de politique et de philosophie, il livre toutes sortes de réflexions judicieuses et savoureuses sur les absurdités de notre époque. Naturellement inspiré par la crise sanitaire et les réactions primaires qu’elle a suscitées chez l’humanité confinée, il aborde bien d’autres sujets pour poser, sans concession mais avec quelques formules habiles, des questions qui dérangent. Avec un air faussement innocent, l’artiste, qui s’excuse de ne pas écrire avec ses tripes mais « avec un clavier azerty », nous interroge avec humour sur le nombre croissant de trottinettes électriques, de nouvelles minorités, d’enfants surdoués, de gamins hyperactifs (« plutôt qu’en hyperactivité, ces gamins ne seraient-ils pas en hypoéducation ? ») et donne son opinion sur la séparation de l’artiste et de l’oeuvre, sur les nouveaux chanteurs au langage indéchiffrable ou sur les chefs étoilés qui signent des taboulés vendus 20 € dans le train. Autant de sujets du quotidien que seul ce digne héritier de Desproges pouvait sublimer.
Clara Géliot Seul(s), théâtre Édouard-vii, paris 9e.