MOLIÈRE, 400 ANS ET TOUJOURS AUSSI NEUF
Christophe Barbier et Francis Huster rappellent l’inaltérable modernité du théâtre de l’auteur favori du Roi-Soleil.
il rêvait de tragédie, il fut comédien de génie et près de quatre siècles après, ses pièces ont toujours autant de succès. le 15 janvier 2022 marquera les quatre cents ans de la naissance de Molière. À cette occasion, le journaliste Christophe barbier et le comédien Francis Huster lui consacrent chacun un ouvrage. barbier (1) a fait le choix excellent de nous faire redécouvrir l’auteur des Précieuses ridicules via ses thèmes de prédilection : la relation au pouvoir, la « lutte des classes », la place des femmes dans la société, les intolérances religieuses, l’hypocrisie des puissants…
« Quel génie d’oser ainsi traiter de tels sujets incendiaires au théâtre, et d’y parvenir en faisant rire », confirme Huster, dans un livre (2) au ton parfois vindicatif plus discutable. les deux auteurs s’accordent pour pointer l’actualité des sujets abordés par Molière : XViieXXie siècles, mêmes combats ! C’est sans doute pour cette raison, analyse barbier, que son humour séduit toujours autant. « Aujourd’hui encore, Scapin triomphe, Dom Juan fascine, Harpagon fait pitié, Alceste fait rire, assure le journaliste. C’est parce qu’ils sont extrêmes que ses personnages ont vécu jusqu’à nous. » il est vrai que le roi de la comédie connaît bien les hommes. lui-même a vécu l’échec comme le succès, fréquenté Paris, Versailles et la Cour aussi bien que la province. « Sa peinture des classes est sans vernis, elle montre les écailles et les défauts de chaque couche » (barbier). « Le comique de Molière est révélateur de notre vérité première, à savoir que nous sommes tous des comédiens de nous-mêmes malgré nous » (Huster). Molière a observé, écrit et visé juste. il a inventé la comédie sociale. ses grivoiseries plaisent encore, ses apostrophes interpellent toujours. la nature humaine n’a pas tant changé depuis quatre cents ans.