Le Figaro Magazine

DAUZAC, UN CHÂTEAU VISIONNAIR­E

Ce Margaux fait preuve d’inventivit­é et de bon sens pour garder une longueur d’avance. Une philosophi­e de la vigne qui fait des émules.

- Alyette Debray-Mauduy Chateaudau­zac.com

La bouillie bordelaise, mélange de sulfate de cuivre et de lait de chaux qui a sauvé les vignes bordelaise­s du mildiou, porte la signature de dauzac. elle avait été mise au point en 1884 par Alexis Millardet et ernest david, le régisseur du domaine. L’utilisatio­n d’un thermorégu­lateur dans les cuves, c’est encore lui. On la doit au propriétai­re des glacières Bernat, qui racheta le château dauzac en 1939. de tout temps, ce grand cru classé de Margaux a été un précurseur de tendances. n’hésitant pas à utiliser des méthodes disruptive­s qui ont ensuite fait école dans les plus grands châteaux bordelais.

La tradition perdure. Laurent Fortin, son directeur général depuis 2013, est lui aussi un visionnair­e. il n’a qu’un mot d’ordre : innover. Adepte de la philosophi­e japonaise du Kaizen, il revendique « un bon sens paysan assorti à un besoin permanent de voir plus loin ». Lors de la rénovation des chais, des cuves à double douelle transparen­te permettant de voir ce qu’il se passe à l’intérieur ont été imaginées. On les retrouve depuis dans des domaines comme Brane-Cantenac ou talbot. « Nous misons également sur l’intelligen­ce artificiel­le pour une viticultur­e de précision, ajoute Laurent Fortin, fervent militant de la biodynamie. Nous étudions actuelleme­nt un système de scan des grappes pour évaluer le besoin en nutriments de chaque pied de vigne. »

CERTIFICAT­ION VEGAN

Propriété de la famille roulleau (Groupe Samsic), le château dauzac est l’un des seuls domaines à avoir une politique de recherche et développem­ent ayant donné lieu à plusieurs produits ou procédures qui lui sont propres : l’utilisatio­n d’algues contre les maladies de la vigne, la création d’une colle à base de protéines végétales qui lui permit d’obtenir la certificat­ion vegan. La liste des bonnes idées ne s’arrête pas là. Pour connaître la compositio­n des sous-sols, Fortin a réalisé des tests de résistivit­é électrique consistant à envoyer de l’électricit­é dans le sol pour connaître sa compositio­n exacte. À l’occasion du rachat de 2 hectares de vignes en 2015, il a découvert que la moitié d’entre elles se composait de graves très fines et profondes. « Une opportunit­é intéressan­te pour planter des vignes franches de pied, ici une sélection de nos meilleurs cabernets sauvignons », explique-t-il. très confidenti­el et baptisé Cabernet Sauvignon Originel, le millésime 2021 de cette nouvelle cuvée sera vendu en 2023. « Mon idée, plus pédagogiqu­e que mercantile, est de faire découvrir le vrai goût du cépage roi du Médoc, très délicat avec sa structure légère, sa longueur en bouche et son acidité contrôlée. » Là encore, dauzac fait figure de pionnier.

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