FRANCE, QU’AS-TU FAIT DE TA DIPLOMATIE ?
Une petite musique laisse penser qu’Emmanuel Macron a, en cinq ans, fait diplomatiquement rayonner la France et maintenu haut ses couleurs. Et ses thuriféraires d’évoquer son voyage surprise au Liban dont il a osé sermonner les dirigeants corrompus, sa « fermeté » contre les islamistes au Moyen-Orient et au Sahel, son attitude « sans complaisance » vis-à-vis de l’Algérie et de ses obsessions mémorielles, son soutien (verbal) aux Arméniens agressés par l’Azerbaïdjan, etc. Trop beau pour être vrai, rétorquent Christian Chesnot et notre confrère du Figaro Georges Malbrunot dans une enquête inédite très documentée, aux allures de plongée dans les coulisses du Quai d’Orsay et des « services »*. Fins connaisseurs de notre politique étrangère au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ils passent cruellement en revue tous les dossiers où la France a, en fait, failli. Avec, comme circonstance atténuante pour le Président, le fait que cette faillite a débuté il y a au moins quinze ans.
Le Liban ? Un an et demi après le coup d’éclat d’Emmanuel Macron, le pays est engoncé dans une crise sociale, politique et financière abyssale. La Libye ? Après une épuisante guerre d’influence locale contre l’Italie, Paris a soutenu le général Haftar qui n’a pas réussi à prendre le pouvoir et cédé la place aux Russes et aux Turcs qui, au vu et au su de tout le monde, encadrent localement des mercenaires islamistes venus de Syrie.
Le golfe Persique ? Il n’y en a que pour le Qatar et l’Arabie saoudite, quand Oman mériterait plus de considération.
Et que dire de la Turquie ? Non seulement Erdogan se permet de piétiner les intérêts de la France et de ses alliés (en Méditerranée orientale et en Syrie), mais il va jusqu’à brandir des menaces et insulter le chef de l’État français en personne. Conséquence : autour de la Méditerranée, « la France est perçue comme une puissance sur le déclin, réfractaire aux réformes, donc sclérosée, […] la francophonie au Maghreb et au Levant est en recul », etc. Pour les auteurs, critiques constructifs, « si la France veut retrouver son statut de puissance influente dans la région et espérer reprendre sa place au coeur du sérail, elle devra gagner en autonomie stratégique ». À bon entendeur… Jean-Christophe Buisson * Le Déclassement français, Michel Lafon, 320 p., 19,95 €.