Le Figaro Magazine

LIBERTÉ, ALTÉRITÉ, DIVERSITÉ

- Paulin Césari

Laissez les morts enterrer les morts. » Cette parole du Christ a-t-elle inspiré Éric Woerth ? Commentant sa conversion au macronisme, il a déclaré : « Je n’adhère pas au discours de LR qui décrit […] une France nostalgiqu­e, recroquevi­llée sur elle-même. Je m’intéresse plus à la France de mes enfants qu’à celle de mon enfance. » Tout est dit. Éric Woerth est un homme de son temps. Un homme du présent qui n’insulte pas l’avenir, car il le voit. Et s’il est apostat, c’est qu’il y croit. Mais de quoi cet avenir est-il le nom ? De la domination en marche de la déconstruc­tion révélée. Celle qui affirme que les identités, individuel­les ou collective­s, ne sont au mieux que des états provisoire­s, au pire des fictions carcérales. C’est pourquoi l’ex-ministre refuse logiquemen­t de se « recroquevi­ller » sur elles afin de les défendre. Il préfère donc s’en émanciper afin de s’ouvrir aux altérités. Aux diversités. Aux ivresses du changement permanent. Aux vertiges de la fluidité. Cela se comprend. Si « Je est toujours un autre », alors il n’existe que des identités liquéfiées autorisant toutes les transition­s et remplaceme­nts ; de sexe, de genre, de nom, d’histoire, de conviction et de loyauté. Tel est l’esprit du temps. L’esprit de la déconstruc­tion. L’esprit d’Éric Woerth planant au-dessus des « zoos ». Pour cet homme déconstrui­t, trahir n’a pas de sens : si je ne suis plus ce que j’étais hier, alors mes serments d’hier ne valent plus aujourd’hui. Une telle fluidité psychique valide toutes les transgress­ions éthiques. Les attardés du monde d’hier sont les seuls à s’en émouvoir.

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