LIBERTÉ, ALTÉRITÉ, DIVERSITÉ
Laissez les morts enterrer les morts. » Cette parole du Christ a-t-elle inspiré Éric Woerth ? Commentant sa conversion au macronisme, il a déclaré : « Je n’adhère pas au discours de LR qui décrit […] une France nostalgique, recroquevillée sur elle-même. Je m’intéresse plus à la France de mes enfants qu’à celle de mon enfance. » Tout est dit. Éric Woerth est un homme de son temps. Un homme du présent qui n’insulte pas l’avenir, car il le voit. Et s’il est apostat, c’est qu’il y croit. Mais de quoi cet avenir est-il le nom ? De la domination en marche de la déconstruction révélée. Celle qui affirme que les identités, individuelles ou collectives, ne sont au mieux que des états provisoires, au pire des fictions carcérales. C’est pourquoi l’ex-ministre refuse logiquement de se « recroqueviller » sur elles afin de les défendre. Il préfère donc s’en émanciper afin de s’ouvrir aux altérités. Aux diversités. Aux ivresses du changement permanent. Aux vertiges de la fluidité. Cela se comprend. Si « Je est toujours un autre », alors il n’existe que des identités liquéfiées autorisant toutes les transitions et remplacements ; de sexe, de genre, de nom, d’histoire, de conviction et de loyauté. Tel est l’esprit du temps. L’esprit de la déconstruction. L’esprit d’Éric Woerth planant au-dessus des « zoos ». Pour cet homme déconstruit, trahir n’a pas de sens : si je ne suis plus ce que j’étais hier, alors mes serments d’hier ne valent plus aujourd’hui. Une telle fluidité psychique valide toutes les transgressions éthiques. Les attardés du monde d’hier sont les seuls à s’en émouvoir.