LE PÈRE LA MORALE
Quand Jean-Michel Aphatie a déclaré en 2016 sur Public Sénat que s’il était président, sa première mesure serait de « raser le château de Versailles » pour qu’on « cesse d’y cultiver la grandeur de la France », c’était du « second degré ».
Mais quatre ans plus tard, quand il a trouvé que Jean-Marc Ayrault, cidevant premier ministre recasé à la tête de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, avait bien raison de vouloir débaptiser la salle Colbert de l’Assemblée nationale, c’était sérieux. Jean-Michel Aphatie a beau qualifier de « stupides » les polémiques sur le déboulonnage des statues, il regrette l’hommage ainsi rendu à l’initiateur du Code noir. Comme il juge « consternant »
que le nom du général Bugeaud, stratège impitoyable de la colonisation de l’Algérie, ait pu être donné à des rues et même à une école. Selon lui, « nos avenues Lénine ou nos allées Robespierre » sont également « minables », preuve qu’il n’est pas sectaire !
S’il ne tenait qu’à lui, son entreprise purificatrice ne s’arrêterait pas à nos monuments et à nos rues. En 2019, il a aussi appelé au boycott d’Éric Zemmour dans les médias. Motif ? Inviter ce « délinquant », condamné par la justice pour incitation à la haine religieuse, alors que Dieudonné, condamné pour incitation à la haine raciale, est « interdit de parole » serait faire du « deux poids, deux mesures » ! « Un discours antisémite est sanctionné, un discours anti-arabe ne l’est pas », dit celui qui s’honore d’avoir toujours « refusé de débattre » avec le désormais candidat à la présidentielle. Ce statut lui ouvrant de droit un accès équitable aux médias, Jean-Michel Aphatie a reporté sa vindicte sur ses électeurs, ces « Français de chez Français, qui puent un peu des pieds » (déclaration sur LCI, le 5 février).
Bizarrement, ce grand obsédé de la propreté n’apprécie pas le Kärcher. Quand Valérie Pécresse, en campagne dans le Sud, a promis de le « ressortir de la cave » pour « nettoyer les quartiers », le chroniqueur y a vu un « sousentendu raciste », parce que le Kärcher, c’est bien connu,
« ça blanchit tout ». Et parce que les « nouveaux barbares », auxquels la candidate de la droite veut s’attaquer, auraient pour caractéristique commune de ne pas être blancs ? Voilà un « sousentendu » qui mériterait d’être exploré !