Edwy Plenel
UN CENSEUR SACHANT CHASSER
Son métier à lui, c’est de « produire des informations » et « d’éclairer le débat public ». C’est normal, il est dans le camp du bien. Pas comme CNews et tous ces médias qui « corrompent le débat public » et égarent le bon peuple
« par le déversement des opinions et pas des informations ». Depuis toujours, Edwy Plenel sait faire la différence. Ancien trotskiste, écrivant pour l’organe de la LCR, il serait, selon la légende, devenu l’un des
« plus grands journalistes d’investigation en France ». Ce sont pourtant deux des meilleurs jouant dans cette catégorie, Pierre Péan et Philippe Cohen, qui ont causé sa chute. Après la parution de l’explosif
La Face cachée du Monde, révélant le fonctionnement ubuesque et pas très à gauche du quotidien dont Plenel était devenu directeur de la rédaction, notre homme s’en est retrouvé évincé. La suite a été éloquente : avec Mediapart, « Canard déchaîné » numérique, dont Plenel est devenu le censeur en chef, la chasse à l’homme était ouverte. À lui de juger ce qui est faisable ou non : lorsqu’on est au gouvernement, interdit de servir du homard ou de prendre quelques jours de vacances à Ibiza. Les bulots ou le camping seraient-ils préférables ? Il faudra organiser une AG pour en décider. Quant à payer un homme pour entretenir ses chaussures, c’est la décollation d’office. Mais Edwy Plenel a un grand coeur : il avait soutenu les terroristes palestiniens assassins de 11 athlètes israéliens aux JO de Berlin (il dit le regretter aujourd’hui). Il a aussi beaucoup aimé Tariq Ramadan, ami des femmes et des Frères musulmans, qu’il a trouvé spirituel. L’enfance des frères Kouachi, du Zola en pire, l’a beaucoup ému. C’est tout juste s’il ne ruisselait pas de larmes. Les survivants de Charlie n’ont pas exactement pleuré pour les mêmes raisons… Le moustachu voit des islamophobes et des racistes un peu partout, en particulier dans les forces de l’ordre. D’ailleurs, le préfet de police de Paris est à ses yeux « le symbole d’un État en guerre contre la société ». Edwy Plenel, ce n’est pas un gag, a reçu le prix du vivre-ensemble lorsqu’il a sorti son livre Pour les musulmans.
Ses amis pourraient lui offrir un autre ouvrage : Dénoncez-vous les uns les autres, de Benoît Duteurtre (Fayard). De quoi redonner un bon coup de fouet à Mediapart.