Marian anderson, la voix éternelle
Prétendre qu’elle fut militante malgré elle amoindrirait la dignité qu’elle s’était appliquée à distiller dans les moindres recoins de son art. Pour autant, Marian anderson, née noire et pauvre en 1897 dans l’amérique des lois Jim Crow, fut un peu plus qu’une contralto exceptionnelle dont la voix chaude, émouvante, profonde, au vibrato serré et simple pourtant était de celle qu’on entend qu’une fois par siècle (dixit arturo toscanini). ambassadrice de la lutte pour les droits civiques (portée par eleanor roosevelt) dès les années 1930, première artiste noire à se produire au Metropolitan Opera de New York en 1955 (ulrica dans Un bal masqué de Verdi, dirigé par Dimitri Mitropoulos), phénomène mondial (Londres, Paris, berlin, Moscou la célèbrent quand eugene Ormandy, Fritz reiner et Pierre Monteux la subliment), elle ouvrit la voie à Leontyne Price et Jessye Norman sans jamais sacrifier l’excellence et l’intensité. Que ce soit pour des arias baroques, des lieder et mélodies romantiques ou postromantiques, ou ces beaux bouquets de spirituals – et même les plus tardifs, où la technique se joue admirablement des fêlures –, l’émotion pure règne partout, étreint tout au long de presque sept décennies d’enregistrements pour rCa Victor. sony a mis les petits plats dans les grands pour ces 15 CD glissés dans ce magnifique format coffee table book riche de rares photos, de textes substantiels (en anglais et allemand) et d’une discographie exemplaire.
Marian anderson, Beyond the Music. Her Complete RCA Victor Recordings,