Le Figaro Magazine

POURQUOI ET COMMENT LES ASSUREURS DISSUADENT LES ÉPARGNANTS D’INVESTIR

Réduction du taux de garantie, obligation d’investir dans des unités de compte, limitation du montant des versements… tout est bon pour détourner les épargnants des fonds en euros et les inciter à prendre plus de risques.

- Par Renaud Bernard

Si les fonds en euros ont fait les beaux jours de l’assurance-vie, ils sont désormais bien à la peine. Ils ont rapporté de l’ordre de 1 %, en moyenne, en 2021, certains contrats arrivant tout de même à sortir leur épingle du jeu, à l’image de ceux distribués par l’Afer (1,7 %), la MACSF (2,1 %) ou la mutuelle Garance (2,75 %, meilleur taux de l’année). Mais ces piètres rendements ne signent pas la fin de ce produit, tant s’en faut. « L’assurance-vie, et notamment le fonds en euros, répond à de nombreux besoins dont un des tous premiers demeure la protection de l’épargne investie », rassure Fabrice Bagne, directeur général adjoint de BNP Paribas Cardif. Pour sécuriser les fonds des épargnants, les assureurs placent la majorité de leurs portefeuil­les dans des obligation­s d’État, actuelleme­nt très peu rentables. Pour maintenir un minimum de rendement, ils doivent donc aller chercher de la performanc­e sur les marchés financiers. « La qualité du rendement de notre fonds en euros ne peut s’exempter de l’environnem­ent durable de taux bas où seule la diversific­ation permet d’espérer des rendements meilleurs », argumente Olivier Sentis, directeur général de la MIF. Avec une année 2021 euphorique sur les marchés, la diversific­ation a été payante. « Les excellents résultats des indices boursiers, avec notamment un CAC 40 en hausse de 29 %, ont permis aux assureurs de dégager de la performanc­e pour booster leur fonds en euros », confirme Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Pour ce dernier, certaines compagnies ont cependant dû faire un effort financier supplément­aire pour rassurer leurs épargnants, en piochant dans leur réserve. Il faut dire que les assureurs ont mis beaucoup d’argent de côté ces dernières années. La MIF a ainsi renforcé sa provision pour participat­ion aux excédents (PPE) qui représente désormais 3,47 % des encours épargnés. Mieux, la PPE de BNP Paribas Cardif s’élève à plus de 6 milliards à la fin 2021, soit 6,86 % des encours. En clair, l’assureur peut demain distribuer, simplement en s’appuyant sur sa réserve, 1 % par an pendant 6 ans.

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