Le Figaro Magazine

EN ALSACE, FRANCK SANDER S’APPUIE SUR LES LOGICIELS D’AIDE À LA DÉCISION

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Franck Sander est l’archétype du paysan moderne de la plaine d’Alsace. Il est installé à Ohlungen, à trente minutes en voiture au nord de Strasbourg, depuis 2001 dans la ferme familiale depuis quatre génération­s. Il a pris la suite de son père à l’âge de 22 ans. « À l’époque, c’était une ferme de type alsacien, des grands bâtiments à colombages avec leur toiture de tuiles orange en plein centre du village, se souvient-il. Au premier étage de la grange était stocké le foin qu’on envoyait en bas dans les étables pour nourrir les vaches, les chevaux de trait et les porcs. On faisait aussi de la culture de céréales et de houblon. » Les animaux ont disparu des vastes parcelles sans arbre labourées plus facilement avec des tracteurs de plus en plus puissants équipés de

GPS. Ils permettent de pratiquer une agricultur­e de précision 4.0. « On répand les traitement­s ou les fertilisan­ts au bon endroit et aux bonnes doses. Cela nous permet de réduire l’usage des phytosanit­aires sur les cultures. Grâce aux logiciels d’aide à la décision, on connaît le rendement de chaque champ. » Comme tout agriculteu­r, il a réussi à s’agrandir « en reprenant des terres à des voisins partant en retraite, dit-il. Je cultive 150 hectares dont 18 de betterave à sucre, 40 hectares de céréales – blé et maïs – et je vais lancer 12 hectares de soja sans OGM. » Habitant à 25 kilomètres de la frontière allemande et parlant couramment la langue de Goethe, Franck Sander est à l’affût de ce qui se passe outre-Rhin – et notamment pour la culture du houblon, dont l’Allemagne est leader en Europe, avec

18 000 hectares contre… 550 en France, dont 10 cultivés chez Franck Sander. Il participe avec un groupe d’agriculteu­rs à alimenter un méthaniseu­r voisin produisant du gaz réinjecté dans le réseau public et a monté avec 25 de ses collègues un projet d’irrigation de 1,2 million d’euros pour faire revenir en France des cultures parties en Allemagne comme la fraise et l’asperge.

Très investi dans la vie locale comme conseiller municipal et dans le syndicalis­me agricole, il est devenu logiquemen­t président de la Fédération départemen­tale des syndicats d’exploitant­s agricoles (FDSEA) du BasRhin en 2015 et président de la Confédérat­ion générale des planteurs de betteraves (CGB) en 2019. L’un des défis actuels de la CGB est de trouver un substitut aux néonicotin­oïdes (NNI), un insecticid­e qui tue les pucerons des betteraves provoquant la jaunisse des feuilles, mais qui désoriente les abeilles. Le gouverneme­nt a interdit ces traitement­s à cause de leur dangerosit­é pour l’homme et son environnem­ent. Il renouvelle cependant annuelleme­nt des dérogation­s à cette prohibitio­n dans certains cas. « Sans les NNI, on va crasher la filière en France, rappelle Franck Sander. Le pays est le premier producteur européen de sucre. Il faut laisser à la recherche le temps de trouver des semences résistante­s à la jaunisse. »

Plongés dans les défis du XXIe siècle, les Sander conservent le goût des traditions : « Tous les samedis à midi pile, la table est ouverte chez maman mais il faut prévenir. »

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Franck Sander devant sa tonne à lisier sans odeur ni ammoniac.
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Le céréalier sur sa moissonneu­se pour récolter le maïs.

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