Gus, maître corbeau sur un art perché
Et si l’inspirateur de cette pièce, c’était lui, Gus, ce corbeau pie qui virevolte comme bon lui semble entre les deux autres interprètes de ce spectacle en noir et blanc (comme son ramage) ? Depuis sa création, la compagnie catalane Baro d’Evel travaille avec des animaux – perruches, chevaux… –, mais dans une tout autre optique que celle du cirque. Quand l’un exalte la supériorité du dompteur sur les fauves, l’autre met en scène des interactions entre les artistes. Car Gus est un artiste, au même titre que ses deux compères humains. On raconte qu’en coulisses, l’oiseau raffole des câlins qu’on lui prodigue avec un crayon. D’ailleurs, une date de ce spectacle a déjà été annulée parce que Gus s’était froissé une aile ! « Travailler, jouer, inventer, créer avec ces animaux, c’est avant tout vivre avec eux et explorer de nouveaux rapports. Notre démarche artistique s’inspire de ce quotidien à leurs côtés, ce qu’ils font sur scène découle naturellement de leur personnalité », explique Camille Decourtye, la metteuse en scène, qui est aussi sur le plateau avec son compagnon Blaï Mateu Trias. Avec Là, le duo va plus loin encore dans le mélange des genres, en explorant de nouvelles correspondances entre le son et l’art plastique. Spectacle ou rite initiatique ? Si certaines scènes provoquent des rires, en particulier dans la première partie, quand le corbeau dérobe le discours que s’apprête à donner un orateur, la pièce prend des allures plus symboliques lorsque les artistes pénètrent la scène en déchirant les murs du plateau. Des murs qui deviendront, grâce à un procédé judicieux, des tableaux naïfs aux résonances africaines. aux Bouffes du nord (Paris 10e) jusqu’au 5 mars, puis à Lille les 25 et 26 mars, à toulouse du 22 juin au 2 juillet.