Le Figaro Magazine

CHARLY PALMIERI

Le cuir dans la peau

- Fabienne Haberthur

De la fauconneri­e à l’atelier sellerie du 24 Faubourg-Saint-Honoré, il n’y a qu’un saut pour

ce meilleur ouvrier de France qui sublime le savoir-faire ancestral de la maison Hermès.

Il jongle avec le formoir et l’affiloire comme nul autre. Si enfant, il rêvait de participer à des spectacles de rapaces ou de magie, Charly Palmieri a préféré garder cette passion comme loisir. C’est pourtant en réparant les costumes des fauconnier­s qu’il a découvert le travail du cuir. Après un bac général, il passe un CAP et un bac pro maroquiner­ie avant de rejoindre le célèbre Haras national du Pin et sa formation de sellier-harnacheur. Puis, repéré par Hermès, il rejoint l’atelier maroquiner­ie du Faubourg-Saint-Honoré avant d’intégrer, trois ans plus tard, le saint des saints, l’atelier sellerie. C’est dans ce lieu historique où travaillen­t 20 personnes que sont fabriquées toutes les selles de la maison de luxe. Après l’Arpège conçue pour le dressage, la Cavale et la vivace, pour le saut d’obstacles, Charly Palmieri a développé, avec l’expert selle François Boissinot et le cavalier partenaire belge Jérôme Guéry, la selle rouge dont le projet avait été initié par le maître sellier Laurent Goblet. « Il aura fallu trois ans de travail et de recherches, entre les premiers plans de Laurent et la présentati­on du produit au Saut Hermès, le week-end dernier », explique le jeune artisan qui marche sur les traces de son mentor, parti à la retraite.

une selle qui dévoile ses secrets de fabricatio­n

Ce lauréat du concours de meilleur ouvrier de France (MOF) catégorie sellerie-harnacheme­nt en 2019 – une première en quatorze ans – a de l’or dans les mains. « Pour ce projet, j’avais présenté un ensemble selle, sangle, étrivières et bride entièremen­t réalisé à la main qui m’avait demandé plus de mille trois cents heures de travail, se souvient-il. J’ai aussi développé de nouvelles techniques de coutures, inspirées de savoir-faire oubliés, que j’ai remis au goût du jour. Ce qui m’a obligé à adapter d’anciens outils, comme les alênes, pour réaliser certains points. » Plus jeune des participan­ts, il s’est distingué par l’originalit­é, la finesse de ses finitions et la précision de ses points. Autant de qualités que l’on peut admirer sur la nouvelle selle Hermès. « Ce modèle a la particular­ité de dévoiler ses secrets de fabricatio­n. On a décidé d’enlever une petite pièce de cuir, le trapèze, aussi appelé cache-misère, située sous la selle, qui masque l’intérieur. Là, on a accès au coeur de la selle, on peut voir l’arçon en bois, les sangles et la toile. » et pourquoi rouge ? « En raison de la teinte que prend le cuir quand on applique une certaine huile, précise Charly, mais comme les pièces sont fabriquées à la commande, on peut faire tous les ajustement­s nécessaire­s et des selles de toutes les couleurs ! »

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