Les xénogenRés et le démonte-pneu

NoUs vivons Une époqUe formidable, par nicolas UngemUth

Tout le monde se souvient de cette scène sur le plateau de Daniel Schneidermann, durant laquelle un jeune homme barbu avait apostrophé le présentateur en lui disant « Mais Monsieur, qu’est-ce qui vous permet de dire que je suis un homme ? ». C’était le monde d’avant : des hommes qui ne sont pas des hommes, des femmes qui n’en sont pas non plus. Le « genre » (avant, on disait « le sexe ») est devenu une notion réservée aux Mengele modernes.

Comme tout cela est un peu sage, certains sont allés plus loin, comme les

« xenogenders ». En bon français, selon le site Neonmag.fr, il s’agit de personnes – mais peut-on encore parler de personnes ? – ayant « une identité de genre qui fait voler en éclats toutes les autres modalités d’être : ces xénogenrés s’identifient ainsi à un animal, une plante ou un objet, mais aussi à des éléments encore plus abstraits comme des sensations, des couleurs, des chiffres. Tout ce qui est susceptible de saisir spontanément l’essence de leur état intérieur. » Le site internet, très savant, précise que le mouvement bénéficie désormais d’un « drapeau dédié à cette identité de genre : un arc de cercle sur des bandes colorées, dont le centre est marqué par une étoile correspondant au signe astronomique de l’astéroïde Iris » (photo). Les xénogenrés sont plus libres que tout le monde : ils peuvent estimer qu’ils sont des licornes ou des dragons, une senteur d’ail, de lavande, un pet ou le chiffre 799 et demi. Pour ceux qui se rêvent en objets, une minorité se réclamerait du démonte-pneu et du tirebouchon. Les torsions sont à prévoir.