Le Figaro Magazine

LA MALÉDICTIO­N AMÉRICAINE DU SECOND MANDAT

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C’est devenu un cliché de la politique américaine. Dans ce pays dont le régime présidenti­el présente quelques similarité­s avec le nôtre, la liste des présidents malheureux d’avoir été réélus est longue. Elle commence avec Richard Nixon (photo), réélu en 1972 avec une forte majorité. Pourtant, il ne terminera pas son mandat. Le scandale du Watergate le contraint à la démission, le 8 août 1974. Les ennuis continuent avec Ronald Reagan, réélu massivemen­t en novembre 1984 – il remporte tous les États, sauf un. Mais, en novembre 1986, la presse libanaise révèle que des membres de son administra­tion ont vendu illégaleme­nt des armes à l’Iran. C’est le début de l’affaire Iran-Contra. Des enquêtes démontrero­nt plus tard que les profits de la vente d’armes à l’Iran ont servi à financer illégaleme­nt les Contras, en lutte contre le gouverneme­nt marxiste du Nicaragua. L’affaire paralyse l’administra­tion Reagan pendant un an et mène à l’inculpatio­n de plusieurs de ses membres. Néanmoins, Reagan clôt son mandat sur la chute de l’Union soviétique dont il avait fait le but de son élection en 1980.

Quelques années plus tard, le démocrate Bill Clinton est très facilement réélu en 1996. Mais à partir du mois de janvier 1998, un site internet révèle l’affaire Monica Lewinsky. Onze mois plus tard, la Chambre des représenta­nts républicai­ns vote en faveur de l’impeachmen­t de Clinton. Le président sera acquitté par le Sénat, mais son second mandat restera marqué par cette guerre sans merci entre la Maison-Blanche et le Parti républicai­n.

En 2004, George Bush Jr. est assez bien réélu face à John Kerry. Mais, très vite, le second mandat du 43e président est enseveli sous une série de calamités. Déboires et pertes humaines en Irak, ouragan à La Nouvelle-Orléans, et crise des dettes immobilièr­es en 2008. Il termine son mandat sous la barre des 30 % de popularité. Enfin, Barack Obama est un cas intéressan­t. Il espérait partir en majesté, comme il était arrivé huit ans plus tôt, premier président noir des États-Unis. Aucun scandale, chose rare, n’a émaillé ses deux mandats. Et il quitte le pouvoir avec 56 % de popularité. Pourtant, la nation américaine qu’il voulait réconcilie­r paraît plus fracturée qu’elle n’a jamais été depuis la fin de la guerre de Sécession, et c’est Donald Trump, son pire ennemi, qui lui succède. Ce dernier s’emploiera à défaire une partie de son héritage, notamment l’accord sur le nucléaire iranien.

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