Biden n’ouBlie pas la politique intérieure
Bien qu’engagé très fortement sur le front international avec la guerre en Ukraine, le président américain n’oublie pas les élections intermédiaires à venir.
Asix mois des élections intermédiaires (pour le tiers du sénat et la totalité de la Chambre des représentants), Joe biden fait tout pour marquer son territoire. Avant même de s’occuper de l’Ukraine. D’où le choix, spectaculaire, d’une nouvelle porte-parole. Une femme, bien entendu (la précédente l’était déjà). Une Noire, bien sûr, mais pas seulement ! La presse américaine a répété les mots par lesquels elle s’était présentée lors de la présidence précédente : « Je suis tout ce que déteste Donald Trump : une femme, noire, gay et mère… » Âgée de 44 ans, mariée à une journaliste, mère d’une fille nommée soleil, née en Martinique de parents haïtiens, francophone, Karine Jeanpierre aurait pu mettre en valeur les qualités professionnelles qui l’ont conduite à la Maison-blanche. Mais elle se veut d’abord militante, noire et gay. Elle fut de l’équipe de campagne de barack Obama, puis recrutée par l’actuelle vice-présidente Kamala Harris. « C’est un moment historique ! » a-t-elle proclamé lors de sa nomination par biden.
Un mois plus tôt, le 7 avril, la même Kamala Harris présidait la séance du sénat au cours de laquelle celui-ci allait confirmer la nomination annoncée par le président d’une magistrate noire à la Cour suprême. Cela ne changera rien à l’équilibre politique de la cour (6 conservateurs et 3 progressistes) puisque la nouvelle élue, Ketanji brown Jackson, 51 ans, déjà juge fédéral, doit bientôt remplacer stephen breyer, l’un des trois magistrats de gauche qui est démissionnaire et dont elle a été la collaboratrice. Mais Joe biden a voulu faire de cette nomination un acte politique : si Jackson est la sixième femme dans l’histoire de la Cour, c’est la première femme noire. il va s’en servir lorsqu’une fuite orchestrée lui permet de dénoncer un projet de la Cour, jusque-là couvert par le secret des délibérations : celui d’une éventuelle décision revenant sur la légalisation de l’avortement. Un sujet qui devrait être au coeur de la campagne électorale à venir, et qui galvanise déjà les camps démocrate et républicain.
Mais la nomination de Ketanji brown Jackson confirme surtout que l’idéologie de gauche du parti démocrate a cédé la place à la défense du « wokisme », du changement de sexe, des LGbt ou du nouvel antiracisme anticolonial. La mort de George Floyd, tué par un policier, est toujours utilisée par des activistes, deux ans après les faits pour solliciter le « big business » et lui faire financer leurs campagnes. Conséquence prévisible : la mobilisation de la droite – autour du sénateur du texas, ted Cruz, par exemple, qui a voté contre la nomination de Mme Jackson à la Cour suprême.