LA CAMPAGNE EN DÉLIRE
★★★ Le Serment sur la moustache, de Samuel Piquet, L’Observatoire, 200 p., 16 €.
Il y a les pamphlets qui cognent, comme s’en étaient faits les spécialistes Paul-Louis Courier ou Léon Bloy, et ceux qui, déguisés en romans, font rire. Ce fut le cas de Dénoncez-vous les uns les autres de Benoît Duteurtre il y a quelques mois, c’est au tour de Samuel Piquet de s’emparer du genre avec un livre hilarant :
Le Serment sur la moustache. L’histoire d’un jeune prof de français qui semble vivre dans un enfer contemporain. Les parents d’élèves le harcèlent pour que ses cours contribuent à « décoloniser, dégenrer et désexualiser », dans un pays où l’on redoute aussi l’imminent « Greta d’urgence » qui doit bientôt être décrété. Pendant ce temps, les politiques s’agitent pour une campagne présidentielle sous l’oeil attentif et martial de Wendy Le Plen, grand timonier moustachu de
« Mediapartition », toujours prompt à dégainer : « Marlène Chaipas », « Philippe Grospoutou », « Sandrine Cadet-Rousselle », « Benoît Ahbon » , « Xavier Pepertrand » désigné « le meilleur d’entre les mous », « François Groland », « Valérie Progresse », « Anne Idéalbo » , « Emmanuel Omacron » … Tous se démènent dans ce monde où il ne faut plus séduire mais rédiger « une demande de fréquentation » car tout est sexiste, patriarcal et masculiniste, en premier lieu cette langue française que le jeune homme enseigne en prenant mille pincettes… Comme Duteurtre, Piquet joue avec les délires de l’époque, et comme lui, il fait beaucoup rire. Que deux livres de ce genre sortent à quelques mois d’écart est réjouissant : il existe donc des écrivains d’utilité publique. D’ailleurs, Piquet écrit pour Le Gorafi. Saine école…