Le Figaro Magazine

VIES DE FAMILLE

- Christian Authier

★★★ Nos tendres cruautés, d’Anne Tyler, Phébus, 350 p., 21 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cyrielle Ayakatsika­s.

Connaissez-vous les Garrett ? Voici robin et Mercy, les parents d’alice, Lily et David. Cette famille de baltimore ressemble à beaucoup d’autres, ou presque. Le nouveau roman d’anne tyler, lauréate du prix Pulitzer, nous fait partager son existence de la fin des années 1950 à nos jours. La constructi­on de Nos tendres cruautés est virtuose, les ellipses dopent le récit sans perdre le lecteur. une mère s’éloigne. une fille prépare son prochain mariage avant même d’avoir divorcé. On apprend celui du fils en passant, par une banale lettre de remercieme­nt pour un dîner. Pourtant, la vie suit son cours comme si de rien n’était. Les enfants grandissen­t trop vite. De vieux films en super 8 réveillent des souvenirs. Le temps a filé. On regrette certaines époques même si on n’aurait jamais voulu les revivre. Des secrets inutiles, des illusions, des petites cruautés s’invitent.

Ces dernières valent le détour. « Je sais que vous détestez la nourriture sophistiqu­ée », assène la mère à sa famille pour justifier le dessert de bas étage qu’elle sert. « Cette femme n’aurait pas dû avoir d’enfants », rétorque l’une de ses filles. Faut-il parfois sauter une génération pour établir des liens d’amour avec certains proches ? Peut-être. « Un passant aurait été incapable de deviner que les Garret se connaissai­ent, tant ils paraissaie­nt dispersés et seuls », note anne tyler. On quitte cependant ces personnage­s le coeur serré, avec l’odeur sucrée-salée de l’enfance comme réminiscen­ce des jours heureux.

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