Le Figaro Magazine

Cultures mixtes

Concerts baroques décalés, randonnées mélomanes, conférence­s aux sommets… la culture en montagne prend l’air et bien des libertés.

- Par audrey Grosclaude

Dans l’imaginaire collectif, la montagne est un territoire sportif, tourné vers la randonnée, les itinérance­s musclées et les sensations fortes. Elle l’est. Mais se révèle aussi, depuis la pandémie et la fermeture forcée des randonnées mécaniques, un nouveau terrain de jeux multicultu­rels pour les familles et les explorateu­rs. « Visiter les caves de Beaufort, arpenter des châteaux et des chapelles, partir à la rencontre de savoirfair­e anciens, profiter d’oeuvres d’art à ciel ouvert ou découvrir l’histoire architectu­rale d’une station, tout ça c’est de la culture », rapporte Christelle Ferrière, directrice générale adjointe de Savoie Mont Blanc avant de préciser : « On parle ici d’une culture élargie, liée à son territoire, qui ne répond pas tout à fait à la même définition qu’en milieu urbain. Il s’agit plutôt, chez nous, d’expérience­s sensoriell­es, d’un éveil à de nouvelles connaissan­ces et de propositio­ns permettant d’amener vers la culture des publics moins sachant. » D’où l’émergence en montagne, tous massifs confondus, de projets et d’événements hybrides combinant les approches. En marge des grands rendez-vous installés, comme le festival Baroque du pays du mont Blanc, Musilac ou Au bonheur des mômes, festival jeune public du Grand-Bornand qui fête cette année ses 30 ans, naissent ainsi, dans l’effervesce­nce, de nouveaux formats associant culture, histoire, nature… et juste ce qu’il faut de sport. Exemple en Maurienne, à Val-Cenis, où l’on enfourche un VTT à assistance électrique pour partir à l’assaut de la Boucle des Sarrasins avant de faire halte à la chapelle Saint-Jean-Baptiste de Lanslevill­ard (1). Là, une peintre-restauratr­ice assure la visite. On installe ensuite les vélos dans la télécabine du Vieux Moulin avant de déjeuner au Chalet la Féma, à 2 100 mètres d’altitude. Un petit tour du lac de Val-Cenis et hop, on redescend par la route Napoléon ou les chemins forestiers.

Nature, culture, histoire coNtempora­iNe

À Megève, le chemin du Calvaire, piétonnier, accueille tous les mercredis de l’été des sessions musicales alternant guitare et voix, handpan ou musiques du monde. Même jour, autre ambiance, à La Clusaz où l’équipe de Radio Meuh installe DJ et buvettes dans les alpages, à 30 minutes de marche du village, pour des soirées électro disco à ciel ouvert. En Chartreuse, il vous faudra marcher environ deux heures avant de découvrir, au coeur d’une clairière, le piano d’Alexandre Guhéry. Profitez alors d’un concert au crépuscule, les pieds dans l’herbe et la tête sous les étoiles. Vous préférez le théâtre ? Découvrez Saint-Lary-Soulan, dans les Pyrénées, avec une visite en costumes, du XVIIe au XXe siècle (2), de maisons en métiers traditionn­els. Dans le Queyras, amusez-vous des facéties de Michel & Michel, drôles de guides de Mont-Dauphin, avant de vous glisser dans la caserne Rochambeau de cette ancienne place forte Vauban. Depuis l’été dernier et pour une dizaine d’années, le site accueille les sculptures monumental­es de l’artiste sénégalais Ousmane Sow. Des pièces, issues de sa série Little Bighorn, qui retracent l’affronteme­nt, en 1876, entre Amérindien­s et armée des ÉtatsUnis. Art au sommet, encore, avec le tout jeune festival Artocène de Chamonix. L’événement, qui précédera le Cosmo Jazz Festival d’Alain Manoukian, s’intéresse pour sa deuxième édition au thème des « glaciers et de la fluidité des temps » croisant conférence­s, tables rondes, installati­ons artistique­s et architectu­rales dans les hauteurs et les rues. Ne pas manquer d’arpenter celles de Moûtiers. D’ordinaire rapidement traversée sur la route des vacances, la capitale autoprocla­mée du street art en Savoie accueille une quarantain­e de fresques monumental­es (3), pochoirs, graffitis ou collages. Des oeuvres réalisées dans le cadre du festival Éternelles crapules, désormais exporté à Briançon. Plus décalé encore ? Osez la visite, aux Arcs, du garage à télécabine­s du Varet, détourné cet été en installati­on immersive de vidéo mapping. Aucun doute, à 2 700 mètres d’altitude, il souffle un vrai vent de fraîcheur sur la culture… retrouvez l’intégralit­é des programmes et agendas sur lefigaro.fr/voyage

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