LE MATCH DE LA SEMAINE
Portée par le dynamisme de son économie et de sa démographie, l’Inde s’impose comme un concurrent de plus en plus sérieux face la Chine.
C’est une mauvaise nouvelle pour les Chinois : l’iPhone 14 ne sera pas fabriqué dans leurs usines, mais en inde. La décision a été annoncée fin août par Apple qui, comme de nombreuses firmes américaines, souhaite réduire sa dépendance vis-à-vis de l’empire du Milieu, sur fond de tensions géopolitiques autour de l’île de taïwan. La politique de zéro Covid de la Chine finissait aussi par lui coûter cher, Pékin imposant la cessation de toute activité des entreprises et des limitations draconiennes de déplacement en présence de plusieurs cas positifs détectés dans une ville. Des mesures qui auraient coûté l’équivalent de près de 8 milliards d’euros à Apple !
Pour l’inde, qui affiche des objectifs ambitieux sur le plan économique, cette décision ne pouvait pas mieux tomber. « Nous devons faire de l’Inde un pays développé dans les vingt-cinq prochaines années », a lancé le premier ministre indien narendra Modi mi-août à l’occasion du 75e anniversaire de l’indépendance du pays vis-à-vis du régime colonial britannique. Oubliée la contraction de l’activité économique liée à la pandémie (– 24,4 % au deuxième trimestre 2020) : au deuxième trimestre 2022, le Pib indien affichait une progression de 13,5 % sur un an. La troisième plus puissante économie d’Asie, cinquième plus grand bénéficiaire d’afflux de capitaux au monde, a des atouts certains pour s’imposer comme un concurrent de poids face à la Chine et, pourquoi pas, lui ravir sa place d’atelier du monde. ne serait-ce que du fait de son dynamisme démographique : la population indienne devrait prochainement dépasser celle de la Chine. Autre carte maîtresse : le coût horaire de la main-d’oeuvre indienne est trois fois inférieur, dans l’industrie manufacturière, à celui des Chinois, proches désormais du niveau des Portugais. Quant aux ingénieurs indiens, rémunérés cinq à six fois moins cher qu’en France ou aux états-Unis, ils constituent un vivier de talents unique au monde. Chaque année, l’inde forme 350 000 ingénieurs qualifiés, soit plus que les états-Unis et l’Europe réunis. Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui à la tête de fleurons du high-tech mondial, tels satya nadella (PDG de Microsoft), sundar Pichai (PDG d’Alphabet), Arvind Krishna (PDG d’ibM) ou encore shantanu narayen (PDG d’Adobe systems). s’ils avaient tendance à partir à l’étranger, ils font davantage le choix, désormais, de rester dans leur pays pour y créer des entreprises et saisir les opportunités qu’offre le boom économique indien. résultat : le secteur numérique pèse 8 % du Pib du pays. Autre secteur qui a le vent en poupe : l’industrie pharmaceutique – plus de 43 % des médicaments génériques utilisés dans le monde sont fabriqués en inde, qui contribue par ailleurs à 60 % de la production mondiale de vaccins. seule faiblesse : ne maîtrisant pas toute la chaîne de production, l’inde doit massivement importer les produits actifs de base… principalement depuis la Chine.