Le Figaro Magazine

SANDRINE AU PAYS DES MERVEILLES

- Paulin Césari

Le 26 août, « Sardine Ruisseau », compte Twitter parodique de Sandrine Rousseau, a dépassé le compte officiel de l’élue. La députée en fut surprise, émue, froissée ; elle se plaignit. Mais ce succès est-il indu ? La dame n’a-t-elle pas mérité d’être ainsi moquée ? Rappelons que lors d’un de ses sermons passés, soeur Sandrine a déclaré sans détour : « Le monde crève de trop de rationalit­é, je préfère des femmes qui jettent des sorts aux hommes qui construise­nt des EPR. »

Ce type de propositio­n est une merveille du genre. Du genre « autocontra­dictoire », puisqu’elle aboutit au contraire même de ce qu’elle prétend énoncer. Si la rationalit­é est le mal dont le monde crève, il serait délirant de l’utiliser pour s’exprimer. De se conformer à la logique dans un discours articulé. De chercher à convaincre par le biais d’arguments rigoureuse­ment agencés. On touche ici du doigt la limite de l’un des dogmes de « l’éco-woko-féminisme » selon lequel le « logos », donc la « ratio », serait l’un des instrument­s du Malin ; du Mal dont le mâle ne serait que l’autre nom. Baptisée « phallogoce­ntrisme » par les lettrés, cette domination viriliste de la « ratio » serait le moteur de l’histoire d’une civilisati­on prédatrice vouée à l’effondreme­nt. Il conviendra­it donc de s’en débarrasse­r. Pourquoi pas ? Mais cela suppose des conversion­s radicales. Que Mme Rousseau souhaite devenir chamane, marabout ou sorcière jeteuse de sorts, soit. Mais qu’elle le devienne vraiment ! Et cesse d’encombrer la parole publique pour se consacrer à la confection de philtres et à l’usage de maléfices.

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