LA TENDRESSE DE BOURVIL

Exprimée par Valérie Lemercier.

C’est une bonne idée d’avoir demandé à Valérie Lemercier de lire le commentaire de cette évocation de Bourvil. Ces deux artistes hors du commun ont tant en commun : la Normandie, des parents agriculteurs, cette manière de susciter en même temps rires et larmes, et les chansons de Bourvil que Valérie interpréta à ses débuts.

Passer une heure et trente minutes en leur compagnie est un privilège. Bourvil est attendrissant. Il émane de lui cette forme suprême de l’intelligence : la gentillesse. Il est craquant. Raconté par ses deux fils, enrichi de documents bien choisis, le parcours du petit paysan normand est incroyable : depuis la ferme à tous les métiers du spectacle où il s’est essayé. En moins de trente ans, chansons, sketches, théâtre, opérettes et cinéma. Toujours le même succès et la même modestie. Les plateaux américains s’ouvrent à lui lorsque la mort le fauche à 53 ans.

Les excellents portraits qu’on a pu voir ces derniers mois, avec archives et documents d’époque – notamment Romy Schneider, Delon, Belmondo, Trenet ou Brassens, que l’on retrouve d’ailleurs ici parlant de son ami et voisin Bourvil –, rendent inutiles les essais récents de reconstitutions électroniques kitsch tentés par Thierry Ardisson : on parle d’un Coluche sur France 3. Mais il y a plus d’authenticité dans un entretien de Bourvil en noir et blanc que dans les doublures en toc, qui n’auront jamais ce mystère qui fait les vedettes populaires : la présence. Celle de Bourvil n’a jamais faibli.

La Traversée de Bourvil, de Boris Donné et Bernard Faroux, France 3, vendredi 23 septembre à 21 h 10.